23 septembre 2014

Q pour Quoi

Quoi ? Deux jours d'attente à l'urgence ? Ma migraine qui ne démord pas et j'ai comme une masse près de la bosse des maths qui m'élance depuis deux semaines. Je me suis mis à m'inquiéter quand j'ai commencé à mélanger  sulfite et sulfate. Comme les amnésiques sélectifs, j'ai soudainement commencé à escamoter les halogènes du tableau périodique et ensuite les terres rares ont disparu. Les fondements de la chimie s'assoyaient maintenant sur du gruyère.  Avant de faire une grave dyslexie protonique due à une masse (atomique), j'ai décidé de consulter, mais j'ai l'impression que l'urgence ne se videra pas avant la fin de l'holocène. J'ai attrapé le mauvais numéro (atomique). L'attente en soi est comme une longue et profonde anesthésie générale après toutes ces heures vissé dans une chaise en plastique. La musique d'ascenseur, LCN en boucle, l'odeur de Purell m'ont fait sombrer.

Un haut le coeur indescriptible m'étouffe. Un vent d'enfer arrache ma casquette du CH et la propulse dans l'abîme sous mes pieds. Une autoroute, des voitures, des cyclistes gros comme des fourmis sous mes espadrilles, oh ma foi je vais vomir de vertige. Je lève les yeux, la croix du Mont-Royal se laisse découvrir derrière le toit de la Place Bonaventure, je suis à mi-hauteur des plus grands édifices de Montréal que je pourrais presque toucher. Stupeur, mains moites, la terreur me fige. Comment ai-je atterri ici ?  Je suis à califourchon sur le A de l'enseigne Farine Fives Roses. Surtout ne pas bouger, mais la hauteur et le vent sont trop imposants pour mes nerfs de gypse. Tout se brouille, je ferme les yeux, je vais m'évanouir. Avant que tout s'éteigne, j'entends le jappement aigu d'une volée d'oies sauvages et je me liquéfie dans un songe cycliste. La pointe du A s'est comme adoucie sous mon périnée, mes jambes sont lestées de leur torpeur et je mouline doucement dans le vent évaporé qui est devenu une douce brise. La terreur de la hauteur s'est mutée en mouvement éthéré et voilà que je vogue en roue libre sous les nuages.

Je dérive entre les tours qui enchâssent le canyon des affaires sur René Lévesque et je glisse doucement sur le dôme de Marie-Reine-du-Monde. Atterrissage en douceur sur le plancher des vaches. Émerveillé par ce moment de grâce aérienne, je ne suis pas encore solide sur mes pieds quand je suis terrassé par un troupeau de bovins qui du Square Dorchester remontent Peel vers la montagne.  Je roule et virevolte sous les sabots du bétail frénétique. Le galop de ruminants est comme un train de marchandises dans un tonitruant sauve qui peut. La terre tremble sous ce lourd convoi bestial qui me piétine sans ralentir. Le vacarme passé, je suis pigé comme une escalope à l'italienne. J'ai peine à respirer, je parviens à me retourner, gémissant, sur le dos. Un calme profond m'envahit, mon coeur meurtri s'engourdit et à travers les édifices qui forment un rempart dans ma vision périphérique, un grand Boeing bleu de ciel déchire un cumulus. Le temps s'englue dans une seconde peau, ma tête se soude au bitume pour une courte éternité et soudain, je me lève, comme éperonné par un dard invisible.



On m'invective sur le champ: "Circulez !". Un gendarme géant du SPVM me pointe entre les deux yeux un canon de 15 centimètres de diamètre. Si je croise les yeux, je peux voir la pointe de l'obus qui se cache au fond du tuyau de métal gris et huileux. Je recule, mais l'arme fatale avance en phase avec mes pas.  Je me retourne et je me lance dans un sprint effréné vers l'est.  L'effroi me fait détaler comme Usain Bolt dans un couloir de stade,  je cours à m'en fendre les tibias, sans me retourner. Une vibration me fait tressaillir le quadriceps droit. Ai-je été touché par un projectile ? La vibration régulière se répète. Ah, c'est le téléphone ! J'ai manqué l'appel, je ne ralentis pas. Tous les sièges sociaux défilent de chaque côté de mon couloir urbain. J'ai saisi le téléphone et j'écoute le message tout en continuant ma dévalante au delà de Berri. "Vous avez un nouveau message: Je reviens à Montréal, le corps tatoué de visages, des anges dandys au large plumage ont mis en lumière mon passage".  B'en là, je ralentis graduellement en entendant cette voix familière, mais à la hauteur de la Maison Radio-Canada, des dizaines de possédés en chandail des Nordiques m'ont aperçu et me lardent le corps de rondelles qu'ils propulsent de leur plus beau lancer frappé.  Qu'essé ça ?



Je me protège du mieux que je peux et je tente de reprendre de la vitesse vers le nord pour m'esquiver un peu, mais la rue Panet est toute en montant, ça me ralentit, mais j'en ai monté des pires. Je sais que si je peux passer la rue Sherbrooke indemne, je serai dans le Parc Lafontaine et je pourrai semer mes poursuivants entre les bosquets. Un coup d'oeil furtif derrière, il y a Badaboum qui me rattrape en véhicule tout terrain. Je me sens prêt à abandonner dans la pente qui devient plus abrupte passé Ontario, mais surgissant des rues transversales, je reconnais Toe Blake, Maurice Richard, Dickie Moore et Jacques Plante qui se dressent devant le VTT du bonhomme bleu. Badaboum badaboume dans le décor quand le gardien masqué fait la split juste au bon moment. Maurice me tend un grand flambeau étincelant.  Je le prends fermement en croisant le regard irisé du grand héros et me voilà de nouveau propulsé 300 mètres dans les airs. Le flambeau me porte comme une fusée et en toute confiance je me laisse voguer. "We are the champions..." Que vois-je à ma droite, le stade a un nouveau toit refermable gracieuseté d'American Standard.


Le temps s'envenime, l'orage s'approche sur fast-forward, le ciel se déchire dans un grand coup de tonnerre qui referme le couvercle sur la nouvelle lunette du stade. L'éclair trouve sa cible dans le grand flambeau qui me porte, la flamme implose et se transforme en grand parachute bleu blanc rouge et je réussis un atterrissage en douceur sur le Plateau Mont-Royal devant le 6760 St-Vallier. Au lieu des trembles et des frênes habituels, je suis entouré de palmiers qui ploient sous la force de l'orage violent qui fait rage. Je suis trempé jusqu'au os. Je cours instinctivement vers le sud et je me réfugie dans la station de métro Beaubien. J'ai la tête lourde de toutes ces aventures rocambolesques. Malgré la nausée, je m'engouffre dans les tunnels sombres et de plus en plus noirs. Mes oreilles bourdonnent, mon pas se fait plus lent, mes pupilles ne contractent plus, je crois que je vais m'évanouir. Je m'arrête net devant un mur humain. Le Géant Beaupré m'attrape par le fond de culottes et me hisse sur son dos avant que je ne retourne dans les méandres de mon inconscience. Les soubresauts de chaque lourd pas me gardent éveillé.  On enjambe le tourniquet et on s'engouffre dans une voiture de métro. Les trois notes retentissent et on décolle. Dans l'ébranlement de la rame, le géant qui au fond n'était qu'un grand squelette se disloque sous mes yeux os par os jusqu'à n'être que le contour disparu de son spectre.


Une minute, une heure, un jour, je perds mes repères. Seuls des ours polaires prennent place sur les bancs, le plancher du wagon est une rivière d'illusions mouvantes, les fenêtres sont autant d'écrans de cinéma. On voit défiler Laura Cadieux, François Delorimier, Jésus de Montréal, Florentine Lacasse dans une fuite époustouflante à 200 km/h qui ne s'arrête à aucune station.  Bercé par ce concert d'images du septième art local, mon coeur stoppe net quand je réalise que le bolide bleu a manqué un virage et s'écrase dans un fracas indescriptible dans le béton de son tunnel. Dans le silence assourdissant du bruit infernal de la destruction de ce cadavre métallique, je replace tous mes os dans la bonne séquence et je m'extirpe du monstre en fusion pour chercher une issue. Je suis aspiré dans une chute libre, le tunnel se dérobant sous mes pieds, je vrille en boucle comme un cordon de téléphone emmêlé et je plonge tête première dans une mare visqueuse parfumée de violentes miasmes.

J'émerge du bourbier dans une lumière aveuglante.  Comme si mes neurones étaient branchées sur l'Hydro, je comprends ma situation en une fraction de seconde.  Je suis dans le fleuve au coeur d'un tourbillon à la sortie d'un trop-plein qui laisse échapper les égouts dans le fleuve lors de fortes pluies. Je suis terrorisé par l'eau, peut-être encore plus que la hauteur, mais la crainte de me noyer surpasse de beaucoup la nausée violente provoquée par les odeurs cataboliques insupportables de cette soupe toxique. Mais tous mes mouvements vers l'abîme sont contrebalancés par une vague de fond d'objets roses qui me tiennent à la surface. J'attrape un échantillon, c'est un dentier.  Un deuxième, un troisième. Je suis entouré de dentiers. Des tonnes de dentiers. J'hallucine. Pas de requins, pas les dents de la mer, juste les dents de la merde. J'éclate d'un fou rire hystérique. La tête me tourne, mon cerveau surchauffe de calembours partiels sous le pont.  Mon rire résonne en écho, je ne suis plus seul, l'eau bouillonne, je sens une pression sous mes fesses, quelque chose se trame encore.  Dans un grand fracas, je suis projeté vers le haut (décidément).  Pas pour longtemps, je suis sur la Pitoune de La Ronde. Je monte, je descends, on a saboté le manège.  Assis derrière moi, un personnage joufflu en veston-cravate me propose ses grosses lunettes noires. C'est Jean Drapeau qui me propose de voir la vie comme lui. Les lunettes sont énormes, Denis Gagnon peut aller se rhabiller (il a du linge en masse de toute façon).  La pitoune me lance une dernière fois et alors que je vais m'écraser sur le sol, Youppi me rattrape comme un boomerang.


La mascotte qui porte une cape, me prend par la main et m'invite à sauter sur ses épaules.  Après quelques tentatives infructueuses (je pèse 200 livres quand même), il finit par réussir son décollage au-dessus de la ville. Mes nouvelles lunettes apportent un éclairage nouveau.  Des tramways ultra-rapides tapissent la ville, la rue Ste-Catherine est piétonnière sur toute sa longueur, la circulation sur les ponts, les autoroutes est fluide et il n'y a plus aucun cône orange dans la ville.  Il y a un cirque en permanence au Parc Olympique qui a retrouvé son architecture initiale.  On se dirige vers le sommet du Mont-Royal où une réplique du Parthénon d'Athènes a remplacé le chalet. Franchement.  Plus on s'avance vers la montagne, plus la perspective change, on dirait que la ville se dédouble, l'est se reflète sur l'est.  On s'approche du Stade Percival Molson et j'ai l'impression que comme Icare, on va se buter sur la trame de nos illusions.  À la dernière seconde on se rend bien compte de notre méprise en voyant notre propre reflet dans la grande surface qui s'élevait au dessus du stade. On s'écrase avec grands éclats dans le miroir aux Alouettes. On tombe dans la zone des buts en passant entre les deux poteaux. 3 points.

Plus rien ne me surprendrait. Vais-je recevoir un piano sur le menton, un high-five de PK Subban en tutu, une contravention pour flânage en territoire adverse ?  C'est la voix du Docteur Penfield qui me rassure. Ma lobotomie est terminée. L'Institut de Neuro a démêlé mes neurones. Avec son scalpel en main, le médecin a une dernière question avant de refermer mon crâne: "Quelle lettre vient après Q ?"




20 septembre 2014

P pour Parrain


Parrain.  Pas dans le sens de "j'ai reçu un cadeau de mon parrain", mais dans le sens de "faire des affaires croches avec le parrain, ce n'est pas un cadeau".  Je veux parler d'un autre travers des grandes villes qui ne devrait pas t'affecter beaucoup si tu restes dans le droit chemin: le crime organisé.  La pègre, la mafia, les motards et les gangs de rues ne sont pas seulement des plaies de ville, mais disons qu'un milieu urbain comme Montréal, par sa concentration de tentations et de péchés, est un pôle important et central dans les opérations illicites de ses commettants.  Je sens qu'après le N et ce P, tu auras perdu beaucoup de la naïveté qu'il te restait...

Depuis que l'homme a eu l'idée d'inventer des lois, il y a toujours eu des stratagèmes de groupe pour les transgresser.  Dans les livres de capes et d'épées, ce sont des bandes de brigands, des repaires de pirates, de vilains flibustiers.  Les noms ont changé, mais ces guildes de voleurs se sont mutés en groupes de motards, en mafia et en fiers à bras.  Chaque loi qui établi un interdit pour lequel il y aura toujours une demande comme la vente de sexe et de drogue crée un monde parallèle qui organise la vente et la distribution avec un service après-vente inégalé, en autant que le client puisse y mettre le prix.  Les dénominateurs communs: la violence et l'argent.

Montréal est un excellent terreau pour que le crime organisé s'y enracine.  D'abord c'est une ville portuaire qui permet des échanges internationaux rapides et à grande portée.  Montréal est près des grands marchés comme New York et Boston, Chicago, ce qui permet d'écouler beaucoup de marchandises illicites tout en favorisant les connections avec les autres forces occultes du crime. C'est la même logique que les entreprises, l'idée étant de faire de l'argent en répondant à un besoin et l'accès au marché américain est primordial.  À ce chapitre, gros "avantage" pour Montréal d'être près des USA, mais encore mieux: ne pas être aux USA.  Le Canada a un système de justice plus clément que son voisin du sud et une charte des droits et libertés qui est abusée à outrance par les criminels. Je n'irai pas jusqu'à dire que le Canada est la cour de récré du crime organisé, mais disons que quand on attrape les rats, ils ont droit à une excellente défense et des conditions un peu plus décente, et un peu moins dissuasive qu'au sud du 45e parallèle.

Organisé donc et pas mal plus que tu peux te l'imaginer.  Organisé en hiérarchie centrée sur la violence.  L'argent monte vers le haut de la pyramide et pour graduer d'un échelon à l'autre, il faut frapper fort (au sens propre).  Certains groupes de motards exigent au moins un meurtre et autres crimes sordides comme conditions d'entrée.  La sécurité d'emploi dans la hiérarchie est très précaire et basée sur une confiance loin d'être inébranlable et remplie de soupçons et de trahisons.  Pour beaucoup, la cessation d'emploi dans le crime organisé est signée dans le sang.  Contrairement aux entreprises licites où les plus grands risques sont pris à la tête de la compagnie, dans le crime organisé, c'est l'inverse.  Ce sont les hommes de la base qui manient les sacs d'argents, les ballots de drogues, les armes et les coups de poings.  Au sommet de la hiérarchie, la vie de parrain ou de capo n'est pas sans risque, mais disons qu'elle est moins exposée aux aléas de la rue.  Ça fait en sorte que souvent, à l'issue d'une rafle de la police, on saisit de la drogue, de l'argent et des armes, mais on n'attrape qu'un maigre butin de subalternes, ce qui n'égratigne que très superficiellement le coeur du problème et la tête du réseau.

Organisé aussi dans ses interrelations.  Le partage des territoires, les alliances entre groupes, la dotation des recettes sont autant de liens tissés entre les organisations qui sont souvent à la source de trahisons meurtrières.  Comme pour les entreprises légales, les marchés illicites sont interdépendants.  Ainsi, la prostituée qui remet (une grande partie de) ses gains à son proxénète, est souvent prise au piège par ses dettes de drogue auprès de ce même groupe.  Le joueur compulsif à qui on prête des sommes à des taux d'intérets exhorbitants pour jouer dans un casino (souvent illégal), finit lui aussi par développer une autre dépendance (cocaïne ou autre) pour assommer sa détresse.  Ça marche aussi dans l'autre sens où l'héroïnomane qui ne peut plus suffire à sa dépendance se tourne vers la prostitution et se fait "aider" par un proxénète qui se fait un plaisir de le réduire à une forme d'esclavage moderne (dette éternelle).  C'est tout aussi dramatique pour le propriétaire de bar qui doit tolérer d'un côté des vendeurs de drogues qui utilisent son établissement comme base de vente et de l'autre un groupe de fiers à bras qui proposent une taxe de protection pour tenir les vendeurs à l'écart (alors qu'ils sont souvent tous de connivence).  C'est le far west magnifiquement structuré, mais pas plus solide à sa base que le plus nerveux sur sa gachette ou son couteau à cran d'arrêt.

Il y a tout un vocabulaire associé à ce monde occulte.  Voici des exemples qu'on voit dans la rue.

  • Shylock/Usurier: J'te passe 1000$ tout de suite, si tu m'en redonnes 1500$ dans une semaine.  Deux semaines plus tard: OK, j'te prête 2000$, mais je te casse les deux jambes si tu ne me remets pas 3000$ la semaine prochaine.  L'hameçonnage est plus doux au début, mais ça finit toujours mal avec des taux annuels équivalents à 75-100% et +.  Victimes typiques: Les pauvres et surtout les joueurs compulsifs.
  • Pimp/Proxénète: J't'achète pleins de beaux cadeaux, je te prête full de cash et je prends soin de toi pendant deux semaines, ensuite tu dois coucher avec trois de mes chums.  J'te filme, je te traite de pute, je te menace, je te mets des baffes, tu dois te droguer pour endurer ça, tu deviens accroc et tu repayes tes dettes en faisant des passes. Victimes typiques: Filles abandonnées, fugueuses, décrocheuses.
  • Pusher/Vendeur de dope: Du fabricant au vendeur, il y a tout un arbre de distribution et de trafic.  On cherche des gens pour transporter des chargements entre pays, des gens pour écouler la marchandise et trouver de nouveaux clients (comme autour des écoles) et aussi des chimistes en herbe qui synthétisent des drogues souvent instables et plus toxiques que le produit original.
  • Blanchisseur: Commerce de façade pour blanchir l'argent du crime.  Typiquement, une pizzeria, un prêteur sur gages ou un bureau de change.  Les clients payent en argent propre des services et produits issus de l'argent sale.  Quand la pizzeria du coin a encore changé de nom suite à une autre incendie, c'est souvent un bon indice.

Il y a beaucoup plus qui se passe derrière le rideau.  Des magouilles qui ont touché le monde de la construction et le financement des partis politiques font l'objet d'une commission d'enquête actuellement.  Les activités autour de la drogue et autres trucs en marge de la légalité sont inquiétants, mais jamais autant que l'infiltration de ces groupes dans l'économie légitime et nos institutions.  On dirait que là où il y a de l'argent, il y a toujours des vautours sans vergogne pour s'approprier une part du magot.  C'est triste...



Pour la drogue, je suis de ceux qui pensent qu'on met beaucoup trop de ressources pour tenter d'endiguer la contrebande. Tant qu'il y aura une demande pour des produits et services, les prohiber sera toujours contreproductif.  Les efforts aux frontières ont stimulé la fabrication de drogues synthétiques qui permettent de créer le produit de façon domestique.  Ces produits sont très souvent dangereux/mortels dans leurs premières versions et ont déjà fait des morts au Canada.  Que faire ?  Le débat serait beaucoup trop long pour ce blogue, mais je pense que de libéraliser les drogues douces tout en transférant toutes les dépenses reliées à l'infiltration et la répression des drogues dures dans des investissements en prévention et en traitements, je pense qu'on serait gagnant au change comme société.  Surtout si on prend des mesures sévères pour les récidivistes, car l'utilisateur de drogues dures est dangereux pour lui-même, soit, mais après avoir fait tous les efforts possibles pour l'aider et le réhabiliter, au final, on doit protéger la société et éliminer le risque.  Une loi des trois prises comme au baseball.  Cruel tu diras, mais on ferait s'écrouler le marché, on aurait une société plus sécuritaire et surtout on s'occuperait vraiment de ceux qui veulent s'en sortir.  Ici encore, il y a plusieurs pays où je serais emprisonné juste pour avoir osé écrire ça.

Au fond, j'ai l'air de traiter froidement de la toxicomanie avec mes solutions pragmatiques d'économiste technocrate, bien au contraire.  Je pense que les toxicomanes à la base ont juste besoin d'amour et de passion.  Amour et passion qui commencent par soi-même.  Quand un humain s'injecte de la joie en seringue, il s'enfuit dans un monde dans lequel il n'est pas, alors que le vrai bon trip, c'est de vivre sa passion en toute lucidité.  Pour vivre amour et passion, il faut d'abord s'aimer.  Manque d'amour propre, aveuglement de la quête du matériel, désoeuvrement, quel que soit la cause, le toxicomane est enfermé dans une cage de laquelle il a perdu la clé.  Tu le sais comme moi, mon ecstasy, il est dans mes espadrilles, il y a du cristal meth dans mes pédales, un peu de mari dans les touches du clavier qui rédigent ce blogue et il y a un peu d'opium qui ronfle (si peu) sur l'oreiller d'à côté.  Ton cap d'acide, il attend juste d'éclater sous le ruban gommé de ton bâton le bon soir que tu vas recevoir la passe parfaite pendant que tu dérives en zone adverse le long du cercle de mise au jeu et que ton one-timer va faire vibrer les cordages derrière la gardienne en prolongation. Juste faire tous les efforts et l'entraînement nécessaires à la quête de ce moment produit un buzz qui vaut bien des seringues remplies de fuite en avant.

Un P glauque et underground.  Mais que ferons-nous du Q ?

17 septembre 2014

O pour Olympiques


Olympiques.  Probablement la lettre la plus facile à deviner.  En anglais, on surnomme le Stade, le "Big O", ça allait de soi...

9 ans après l'Expo (E), la présentation des Olympiques à Montréal en 1976 confirme Montréal comme ville du monde.  L'évènement fût un succès, malgré un stade incomplet avec juste une base de mât.  Ça aurait pu faire la risée de la ville, mais je pense que le succès des compétitions a réussi à occulter ce gigantesque accroc architectural. C'est la Roumaine Nadia Comaneci qui fût la vedette incontestée avec ses performances aux notes parfaites en gymnastique qui était présentée au Forum de Montréal (H), l'endroit tout indiqué pour briller.

Après deux belles semaines de compétitions, la visite retourne chez elle et ça laisse un grand vide. Il a vite été rempli, car le Stade était déjà promis aux équipes professionnelles de la ville.  Le grand vide s'est plutôt fait dans les poches des contribuables.  On pourrait probablement remplir le stade avec les billets de banque qui représentent la facture de la construction du parc olympique.  Pendant la construction, des irrégularités dignes de la Commission Charbonneau ont été observés sur les chantiers, des fournisseurs profitant de l'immensité du projet pour s'y graisser la patte.  Faire 4 fois le tour du chantier avec le même chargement de gravier pour charger le quadruple du prix par exemple.  C'est en 2006 (30 ans après !) que la dernière taxe sur les cigarettes a été retirée pour enfin tirer un trait sur la dette reliée au projet de construction.

Le mât (comme tu peux le voir aujourd'hui) a fini par être complété avec son funiculaire qui permet une jolie vue de la ville.  À sa base, on retrouve les bureaux de plusieurs fédérations de sport amateur et un gymnase hyper moderne pour les athlètes d'élite.  Je te souhaite un jour de le visiter, et peut-être même aussi de l'utiliser (pourquoi pas).  Mais c'est le toit qui a toujours causé de grands maux de tête.  La conception initiale prévoit un toit rétractable qui se loge au sommet du mât.  Le premier toit a fini par être fonctionnel dans les années 90, j'ai même assisté une fois à la rétraction de celui-ci.  Ce n'était pas très rassurant, car on demandait au public de reculer dans les gradins supérieurs en cas qu'un boulon ou autre objet chute pendant le mouvement du toit.  Ça n'a pas fonctionné longtemps, car il a fini par rester fermé définitivement.  On a dû le remplacer et encore aujourd'hui, il ne s'ouvre plus du tout et déchire un peu chaque jour.


Le Stade, c'est le genre de monument qui ne fera jamais l'unanimité.  Plusieurs le trouvent horrible, aimeraient le voir détruit.  D'autres reconnaissent qu'avec un toit fonctionnel, on pourrait le rentabiliser.  Mais personne ne niera que c'est un symbole important pour la ville.  Quiconque aperçoit le stade au début d'un film sait que ça se passe à Montréal.  Malheureusement, comme dans cette entrée de blogue, on se rappelle plus du coût, du toit qui déchire et de l'entretien permanent que des trois semaines où Montréal fût un peu le centre du monde.

Impossible de parler du Stade, sans parler des Expos.  La vie relativement courte de la franchise à Montréal a laissé un souvenir important dans la ville.  Fondé en 1969, le club a quitté la ville en 2004 pour Washington.  On pourrait dire que Patrick et Léo, en assistant à un match des Nationals cet été, ont un peu vu les Expos.  Après les Olympiques, ce sont vraiment les Expos, et dans une moindre mesure les Alouettes, qui ont mis de la vie dans ce grand trou sombre en béton.

Le baseball était beaucoup plus populaire au Québec quand j'étais jeune.  J'ai joué au baseball bien avant de jouer au soccer et comme tu sais, j'ai passé mes étés d'ado à travailler au terrain de balle local de mon village presque tous les soirs comme marqueur et annonceur avec mon frère.  Dans mon petit village de 3000 habitants, il y avait de la balle au Parc des Braves (baseball ou sa variante la balle-molle) 4 soirs sur 7 avec des programmes doubles la moitié du temps.  Parfois, il y avait des tournois la fin de semaine avec plus de 40 équipes venant de partout au Québec.  Malgré cela, très peu de joueurs québécois ont percé dans le baseball majeur.  Contrairement au CH, aux Alouettes et à l'Impact, on peut compter les Québécois qui ont évolué pour les Expos sur les doigts d'une seule main.  Le peu de fois qu'on a vu ça, c'est au poste de lanceur.  Claude Raymond qui a roulé sa bosse avec Chicago, Houston et Atlanta dans les années 60 a terminé sa carrière avec deux saisons avec les Expos où il a connu ses meilleurs moments comme lanceur de relève.  Sa voix est inoubliable, car il est ensuite devenu l'analyste des matchs à la radio et la télévision.  J'ai appris plus tard qu'il était l'oncle de Marc Hébert (encore lui !)

Tout le monde de ma génération se souvient du 19 Octobre 1981.  Les Expos avaient atteint la Série de Championnat de Ligue Nationale, la seule fois de leur histoire.  Ça c'est comme atteindre la demi-finale de la Coupe Stanley, mais avec seulement 4 équipes qui font les séries à l'issue de la saison (c'est plus facile que ça aujourd'hui, mais dans mon temps...).  Je me rappelle encore avoir couru jusqu'à la maison à la fin de mes classes de Sec 2 pour voir la fin du match qui se déroulait au stade en après-midi devant plus de 60000 spectateurs (qui ne travaillaient pas et moi je devais aller à l'école, grrr).  1-1 en 9e manche, Rick Monday des Dodgers frappe un circuit qui mate les Expos dans le match décisif.  On a parlé longtemps du choix du coach d'utiliser un lanceur partant au lieu d'un releveur pour cette 9e manche fatidique, mais c'est un vieux débat.  Je me souviens encore des yeux de Steve Rogers qui regarde la balle qui se dirige derrière la clôture du champ gauche...

Un autre lanceur québécois a fait l'équipe dans les années 90. Après Toronto et Cleveland, Denis Boucher termine sa carrière à Montréal. Il a lancé dans 35 parties au baseball majeur, dont 15 avec les Expos.  J'étais là pour sa première partie au Stade en 1993 comme lanceur partant.  J'aime bien cette anecdote, car elle démontre que l'attrait de Monia comme spectatrice de sport professionnel se limite à me faire le plaisir de m'accompagner et que c'est vraiment un effort par amour.  Je me souviens que nous étions assis le long de la ligne du 3e but.  Pas des excellents billets, mais pas trop mauvais non plus. 48000 spectateurs environ, belle ambiance.  Après 5 manches, ça va très bien pour Denis Boucher, mais c'est à la sixième manche que ça se corse.  Coureurs aux 1er et au 3e, aucun retrait, 2 balles, 2 prises.  Le receveur va au monticule pour calmer le jeu et s'assurer de la stratégie.  Tout le monde est au bout de son siège de plastique.  Monia se lève.  "Où vas-tu ?"  "Aux toilettes." "Na, non, tu peux aller à la toilette là, c'est le premier moment crucial du match, on veut savoir comment il s'en sort"  "Ouain, b'en moi, je vais à la toilette, en plus, il n'y aura pas de ligne d'attente si tout le monde est ici à regarder ce qui va arriver"  "...".  Denis Boucher s'en est sorti sans accorder de points, mais tout ça était réglé quand Monia est revenu de son p'tit pipi...

Exit le stade, c'est tout ce qui l'entoure qui a de l'intérêt.  L'Espace pour la Vie regroupe le Biodôme (ancien vélodrome), l'Insectarium, le tout nouveau Planétarium et le Jardin Botanique.  Tout ça collé sur le Parc Maisonneuve, le  Stade Saputo (Impact) et l'Aréna Maurice Richard (rare aréna québécois avec une patinoire aux dimensions olympiques).  L'Espace pour la Vie est un très beau pôle de vulgarisation scientifique que tu as probablement visité en partie dans une sortie scolaire.  Tu devrais quand même y retourner avec tes yeux plus matures et prendre le temps d'apprécier insectes, plantes, animaux et astres, pendant que tu es si proche de ces merveilles en boîte.

Ça fait le tour du O rempli de vieilles anecdotes de monocle qui rajeunit pas.  On arrive déjà à P.





15 septembre 2014

N pour Nightlife


Nightlife.  Voici sûrement un mot qui ne risque pas de t'affecter dans les prochains mois.  De toute façon, tu es toujours mineure et tu as mieux à faire que d'essayer d'entrer dans les bars comme dans le film 1987 que nous avons eu la chance de voir ensemble.

Montréal est reconnue pour son activité nocturne.  D'abord, le Québec où l'heure limite de fermeture des bars est fixée à 3:00 est une des plus libérale en Amérique du Nord.  Certains établissements font même du after-hours en fermant à 5:00, cessant la vente d'alcool à 3:00.  En Ontario, les bars ferment à 2:00, comme c'est le cas dans la plupart des provinces, sauf Terre-Neuve et Labrador.  Aux États-Unis, ça varie par état et même par comté, mais mise à part la région métropolitaine de New-York, Vegas (ça ne ferme jamais), Hawaii et l'Alaska, la norme est de fermer à 2:00.   Ainsi, pour les gens qui veulent s'éclater, Montréal est une destination toute indiquée.  C'est un volet important de la stratégie touristique de la ville.

Il y a quantité d'évènements centrés sur avoir du fun quand le soleil se couche.  J'ai déjà parlé de l'IglooFest et Montréal en Lumière.  Quantité de festivals programment les chaudes soirées d'été.  Il y a aussi des trucs éclectiques comme les partys raves comme Black & Blue (que j'te vois pas aller là !) et le Bal en Blanc où on s'habille tout de blanc et on apporte son pique-nique dans un endroit gardé secret jusqu'à la dernière minute.

Monia et moi avons rarement profité du night-life. Quand nous étions à Montréal, Monia était étudiante et moi, je faisais deux heures de route par jour pour mes allers-retours au travail.  On profitait surtout du evening-life.  Plus tard, même en weekend à Montréal, notre mode de vie active nous a toujours porté à répondre à l'appel du lit très tôt.  En fait, chaque fois qu'on a profité du night-life de Montréal, c'était parce qu'on se levait avant l'aube pour battre le pavé pendant que la circulation est au minimum et surtout en attendant que les restos ouvrent pour le petit-déjeuner et notre premier café.  De temps en temps, on se fait un petit weekend hivernal en réservant un hotel douillet dans le centre-ville.  Une année, c'était l'Igloofest, un gros happening de DJ en plein-air dans le Vieux-Port, on est allé se coucher à la place.  Une autre fois, c'était pendant Montréal en Lumière.  En sortant du spectacle de Pierre Lapointe à la PdA, on avait idée de profiter de la Nuit Blanche (quel bon timing!) pour parcourir les expositions et performances gratuites qui tapissent la ville pendant cet évènement.  On a marché directement jusqu'à l'hôtel et on est ressortis que le lendemain un peu avant l'aube, alors que tout était terminé.  Plates de même...

Quand vient le temps d'aller dans un bar, il faut vraiment se questionner sur le but de l'objectif de la chose.  En vieillissant, j'ai vite commencé à trouver que c'était un peu nono de sortir entre amis pour se retrouver dans un endroit où la musique est si forte qu'on ne peut converser à moins de se crier dans les oreilles.  C'est un peu comme essayer de faire un souper entre amis avec de très jeunes enfants.  On se donne beaucoup de mal pour souper ensemble pour finalement constamment interrompre la conversation pour essuyer un dégât, donner du lait à un, régler un conflit, ramasser du régurgi et du vomi, consoler l'autre et s'obstiner pour que les enfants mangent encore trois bouchées.  On mange froid, toutes les conversations restent inachevées et après il faut tout nettoyer au boyau d'arrosage.  Quand tu étais encore jeune, personne dans la famille n'a suivi mon excellente suggestion de cesser ces repas pour les remplacer par des après-midi en famille où tout le monde retourne souper chez-lui.  Vous avez fini par grandir et c'est enfin agréable de manger tous ensemble, mais vous êtes toutes et tous en train de nous quitter.  Là, on rêve juste de faire un pique-nique avec toute la gang dans le Parc Angrignon.  On aime donc ça se donner du trouble. Mais on s'éloigne du sujet, on parlait des bars.

Aller dans un bar, oui mais pourquoi alors  ?  Danser au son de la musique ? On peut très bien faire ça dans sa résidence avec l'avantage qu'on choisit la musique.  Mais danser, c'est toujours plus agréable en groupe et ça justifie de le faire dans un bar.  Les bars qui sont vraiment conçus pour la danse, ne sont conçus que pour ça: c'est sombre, ça flashe et c'est tonitruant.  Impossible d'échanger deux mots sans s'égosiller, mais si vous voulez danser, dansez ! Plusieurs y vont pour flirter, mais j'ai mes gros doutes quant au taux de succès d'une rencontre basée sur l'appréciation de gestes frénétiques sous des lumières stroboscopiques. Il faut savoir que les bars où on peut parler et s'entendre sans crier ont rarement une piste de danse et une musique vraiment appropriée au défoulement collectif.  Y danser dans le milieu de la place nécessite une bonne confiance en soi.  Ces bars plus tranquilles proposent souvent une ambiance avec une musique de fond branchée et un éclairage tamisé.  Il faut vraiment vouloir une ambiance, surtout si la Coors Light est 6$.    Il y a les bars sportifs qui permettent de communier au grand rite du sport télévisé en grand groupe.  Quand le match est enlevant, c'est une belle alternative au billets inabordables et une meilleure raison de fréquenter un débit de boisson.  Il y a de bons bars musicaux où on propose des performances live, souvent avec des artistes "covers" (qui reprennent les succès des groupes populaires), mais aussi par des groupes connus. Garou, Pascale Picard et compagnie ont tous commencé en faisant les bars.  Encore là, il ne faut pas s'imaginer avoir une discussion profonde pendant ces shows, mais c'est souvent un excellent divertissement entre amis.

Il y a des bars ludiques, comme les salles de billiards qui permettent de bien mélanger les groupes en permettant aux moins bavards de se concentrer sur la table et les plus dissipés de se contenter de regarder en papotant derrière les joueurs.  D'autres bars sont vraiment originaux.  Quand nous étions à Montréal, on a souvent passé de belles soirées au "Passez Go" qui proposait des dizaines de jeux de société pour s'amuser entre amis.  Ce bar n'existe plus, mais il y a maintenant Randolphe sur la rue St-Denis qui propose un concept similaire.

Où vont les gens quand les gens sortent ?  Le Boulevard St-Laurent qui divise la ville dans son axe est-ouest (A) aligne plusieurs bars branchés.  C'est là qu'on voit les plus longues files d'attente le vendredi et le samedi vers 23:00.  Une tenue à la mode est attendue dans ses établissements, comme sur la rue Crescent où on trouve une clientèle plus anglophone. Sur St-Denis au sud de Sherbrooke (le Quartier Latin), on trouve des bars plus conviviaux où les jeans et le T-shirt sont monnaie courante. Le Saint-Ciboire et le Saint-Sulpice s'accommodent bien de la clientèle étudiante. C'est aussi le cas des Deux Pierrots, sur la rue St-Paul dans le Vieux Montréal, une boîte à chansons assez survoltée où des chansonniers répètent éternellement les classiques du folklore québécois. Dans notre temps, c'était fréquent qu'on fasse monter un touriste anglophone sur scène pour se payer sa tête en essayant de lui faire répéter des bouts de chansons grivoises ou blasphématoires.  Ta mère a renversé sa bière sur moi à plusieurs reprises dans ce bar survolté.



Parlant de ta mère, elle a vécu à Montréal quelques mois en même temps que Monia et moi pendant ses études. On faisait des activités ensemble de temps en temps. Une fois, elle et Monia ont décidé d'aller dans un bar près de chez-nous et elles se sont retrouvées dans une espèce de fête country-western. Ce soir-là, il y avait un cheval dans le bar ! Une autre fois, encore dans notre quartier, nous marchions sur Atwater en après-midi et on a décidé d'entrer dans un bar pour se réchauffer et prendre un verre.  Une fois assis, on s'est rendu compte qu'il y avait un film porno qui jouait à l'écran accroché dans le coin de la pièce. Le barman a stoppé le film quand il a vu les dames. Probablement que Monia et Isabelle étaient les premières femmes à entrer dans ce bar depuis longtemps.  Je ne me rappelle plus de la suite, mais on n'a pas dû s'éterniser. C'est pour dire qu'un endroit ouvert à des clients n'est pas nécessairement destiné à toutes les clientèles.

J'allais expliquer les rallyes-brasseries et la confrérie Buffalo qui ont sûrement fait baisser la moyenne générale à la faculté des sciences de l'Université de Sherbrooke à mon époque, mais je pense que je vais éviter d'élaborer, m'auto-imposer un contrôle parental et esquiver le sujet en laissant ton imagination extrapoler ce que renfermaient ces activités de groupe.  Toi qui a beaucoup de difficultés à démêler ta droite et ta gauche, je dirais que l'initiation Buffalo risquerait de nuire à tes ambitions de hockeyeuse et pour ce qui est des rallyes, je dirai juste que c'était une activité pédestre et que j'ai déjà été dans une équipe gagnante. Comme on le sait, j'ai toujours été bon dans les courses de fond, même de fond de tonne.

Sur ces mots qui confessent des passages de ma vie étudiante qui ne devrait jamais servir d'exemple, malgré ma réussite relative au bout du compte, je réalise que je suis en train de te jaser de débits de boisson et de travers à ne pas prendre, alors que je relatais trois paragraphes plus haut les soupers de famille où tu n'étais pas capable de t'alimenter seule et que tu répondais "Asas" quand on te demandait ton nom. Il me semble que c'était hier.  

Déguste chaque gorgée quand tu fais la fête.  Essaye d'éviter les fois où ça ne goûte plus rien et que tu recommences à t'appeler "Asas".  T'es capable d'être folle tout en restant sobre.  On t'aime avec toute ta tête, même quand tu fais la fête !

Le blogue a vraiment sombré dans l'enfer de l'alcool avec son N.  On essayera de se refaire une dignité avec le O.


13 septembre 2014

M pour Montagne

Montagne.  On ne peut pas esquiver le promontoire qui s'élève au centre de l'ile dans une discussion sur Montréal.  Le Mont-Royal a quand même donné son nom à la ville.  Faisons donc un petit tour d'horizon de ce grand terrain de jeu.

Mont Everest
D'entrée de jeu, une montagne ça commence où au juste ? Dans notre convention de prendre le niveau de la mer comme référence pour l'altitude, on établit le sommet du monde à 8848m au Mont Everest.  Si on s'attardait plutôt aux dénivelés absolus sans égard à la ligne des eaux, on aurait des classements différents.  Le Mauna Kea dans les iles d'Hawaii émerge 6000m au-dessus de la mer, mais le Pacifique nous cache 4000m de sa base immergée.  Le Mauna Kea est donc la plus haute montagne sur la terre avec plus de 10000m de différence entre sa base et son sommet.  Le Mont Chimborazo en Équateur a une modeste altitude de 6300m, mais comme la Terre est oblongue (comme un ballon aplati aux pôles qui fait un peu d'embonpoint équatorial), le sommet du Chimborazo, géographiquement très près du nombril terrestre, est le point le plus éloigné du centre de la Terre avec un bon 2000m "plus grand" que l'Everest de ce point de vue.

Le Mont-Royal, quel que soit l'instrument de mesure, est loin du haut de la liste.  Il culmine à 234m d'altitude (par rapport au niveau de la mer).  Pour l'avoir visité au mois de juillet, son sommet est peu invitant avec son antenne et la petite cahute en béton tapissée de tags et qui sent l'urine.  J'ai visité l'endroit à la fin d'une course folle visant à visiter tous les sommets des collines montérégiennes la même date.  Les collines montérégiennes (rappel de ta géographie du secondaire) sont des formations géologiques au sud du Fleuve St-Laurent.  Grosso modo, il y 125 millions d'années des micro-faiblesses dans la croute terrestre libèrent des montées de magma qui n'atteignent pas la surface.  Les périodes glaciaires bulldozent ensuite le sol, mais la roche ignée résiste au passage et on se retrouve avec ces belles protubérances qui agrémentent les basses terres de Montréal jusqu'au pied des Appalaches. Mégantic, Shefford, Brome, Yamaska, Rougemont, St-Hilaire, St-Grégoire, St-Bruno et le Mont-Royal sont de cette race de montagne.
 
Les Montérégiennes

À Montréal, quand on parle du Mont-Royal, tout le monde convient qu'on parle bien sûr de la montagne, mais plus souvent qu'autrement, on veut parler de l'espace vert que constitue le parc du même nom.  Pour moi, aussitôt qu'on prend notre élan pour passer du "bas" de la ville pour se rendre sur la rue Sherbrooke et au delà, on amorce l'ascension de la montagne.  Aucun habitant du quartier du Plateau ne dirait qu'il vit sur le Mont-Royal, mais c'est clair que par rapport à la rue Ontario, la rue Laurier, par exemple, est un peu sur la montagne.  Mais tout ça, c'est de la rhétorique, je veux juste dire que dans les villes, on a tendance à oublier la géologie sous le relief.  Parlons-donc du parc.

Le Parc du Mont-Royal est l'oeuvre de l'architecte-paysagiste Frederick Law Olmsted.  Le même qui a aménagé Central Park au coeur de Manhattan (rappel de notre voyage à New York).  J'imagine que les architectes-paysagistes étaient des oiseaux rares au 19e siècle.  L'idée de préserver un coin de nature dans des villes où l'air était encore moins respirable qu'aujourd'hui était probablement plus une nécessité qu'une lubie d'environnementaliste. Encore aujourd'hui, quand on étouffe en ville, il suffit de quitter le béton et l'asphalte et pénétrer juste assez loin dans l'ombre des grands arbres du parc pour sentir un apaisement, seulement par la l'atténuation de la chaleur et du bruit.

La montagne est un petit univers qui est mieux découvert en auto-propulsion.  Les amateurs de vélo de route adorent s'élancer sur la voie Camilien Houde, le prolongement de l'avenue Mont-Royal sur le côté est.  La majorité de ces cyclistes sont là pour pousser leur bolide dans la pente et ne s'attardent probablement plus à la beauté qui les entoure. Par exemple, bien peu s'arrêtent à mi-chemin au belvédère pour contempler tout l'est de l'ile et compter les montérégiennes à l'horizon.  La plupart arrivent en haut, boucle la boucle en redescendant dans Côte-des-Neiges, passent à l'Université de Montréal et reviennent sur l'Avenue du Parc.

 
C'est à pied que la montagne montre son meilleur jour.  Côté est sur l'Avenue du Parc, on a le Parc Jeanne-Mance qui rassemble des joueurs de tam-tam à tous les dimanches autour de la statue de Georges-Étienne Cartier.  C'est un rendez-vous assez familial, parfois agrémenté d'effluves thérapeutiques (si tu t'approches un peu trop des percussionnistes).  De l'autre côté de la rue du Parc, il y a quantité de plateaux sportifs, mais déjà on s'éloigne de la montagne.  Mon accès préféré est vraiment par la rue Peel à la hauteur de Sherbrooke.  De là, quelques 250 marches mènent au chalet de la montagne dont le parvis s'allonge pour former le belvédère Kondaronk qui offre la plus belle vue du centre-ville. 

La vue du Belvédère Kondaronk
Autant la vue et l'aménagement du belvédère doit ravir les touristes, autant la vacuité du chalet de la montagne doit les décevoir.  Il y a quelque-chose à faire là, mais personne ne semble voir l'opportunité.  De là, plusieurs sentiers, où on croise des joggeurs à longueur d'année, traversent la partie centrale et sud du parc.  Il est possible de se rendre à la croix, au vrai sommet (un peu moche), mais aussi au Lac des Castors.  On peut y patiner l'hiver et y voir des canards l'été.

Si tu t'aventures au nord du chemin Remembrance, tu découvriras une mer de morts alignés en rangées, les cimetières de la montagne que j'ai évoqué à la lettre C.  Bon, ça sonne vraiment nul comme activité et bien franchement j'espère qu'on respectera ma volonté d'être incinéré, car c'est vraiment ridicule d'utiliser autant de terrain pour la mémoire de corps en décomposition (mes respects à tous les habitants bien impuissants de ces lotissements perdus).  Or, pour en avoir déjà fait l'expérience, déambuler sans but à travers cette forêt de granit gravé de souvenirs oubliés est plus ressourçant qu'on le croirait.  Il y a certes des oeuvres d'art intéressants, des anges attendrissants, mais surtout un rappel assez tangible que notre passage ici-bas est temporaire et qu'on doit se faire aller la machine à bonheur avant de finir inanimé dans les bras d'une colline montérégienne.  De façon plus ludique, tu peux jouer à retrouver des personnages célèbres comme Nelligan, Maurice Richard, Honoré Mercier, Robert Bourassa ou Olivier Guimond.  Si tu t'aventures plus au nord, tu te retrouveras à l'Université de Montréal.  Mais si tu veux vraiment entrer à l'université, ce n'est pas en traversant le cimetière que tu y arriveras, mais plutôt en réussissant ton DEC.

Le Parc du Mont-Royal, c'est la mère de tous les parcs à Montréal.  Autrement, en importance et en superficie:
  • Le Parc Lafontaine: Il y a un joli étang au centre de ce parc très familial le jour, mais aussi connu pour ses chaudes rencontres la nuit tombée.
  • Le Parc Maisonneuve: Collé sur le Parc Olympique, c'est un parc plutôt sportif avec ses grands espaces.  Probablement une bonne place pour se blesser en jouant à l'extreme-frisbee.
  • Le Parc Angrignon:  C'est le parc qu'il faut traverser pour se rendre au Métro quand on habite les résidences du Cégep André Laurendeau.
  • Le Parc Jarry:  Au centre de ce grand parc, où jadis évoluait les Expos, on trouve le Stade Uniprix où les grands du tennis s'affrontent à chaque été.  Attenant au parc, une grande piscine et des aires qui invitent aux joies du sport.
Il y a d'autres parcs mineurs dans la ville.  Ce sont souvent de petits espaces avec quelques bancs pas toujours à l'ombre souvent associés à un personnage qu'on voulait commémorer.  Entre autres:
  • La Place Émilie Gamelin: Situé près de la station Berri-UQAM, il est souvent le point de départ de manifestations.  On y trouve des oeuvres contemporaines, un jeu d'échec géant, mais aussi beaucoup de délinquance et après la gare d'autobus, probablement le plus grand piège des jeunes qui viennent de fuguer pour les proxénètes et vendeurs de drogue.  J'aimerais mieux que tu ne te tiennes pas là, ma belle muse de blogue.
  • Le Parc Lhasa de Sela: Situé dans Rosemont, ce parc commémore l'oeuvre de Lhasa de Sela, auteure-compositeure-interprète américano-mexicano-québécoise polyglotte qui est passée comme une étoile filante dans l'espace culturel montréalais, décédant du cancer dans la trentaine.  Sa voix envoûtante et ses textes hypnotiques m'ont toujours charmé, j'ai tous ses disques.

Bon, j'espère que tu réussiras à profiter un tant soit peu des espaces verts montréalais malgré ta charge de travail.  Été comme hiver, une marche dans la montagne est un bon moyen de se donner un break de la grande ville.

C'est un M très vert.  On aura probablement un N plus sombre...

10 septembre 2014

L pour Levy


Levy.  En anglais, on dit un long-shot.  Mais je ne pouvais pas ne pas parler des Alouettes.  J'ai choisi Marv Levy, car il a été un acteur important dans le succès des Alouettes dans les années 70.

D'abord, comme tu te concentres surtout sur le hockey, j'imagine que tu ne t'es pas penchée souvent sur les fondements du football.  Je vais donc te donner de bons pointeurs pour ne pas avoir l'air folle quand il y aura des partys de la Coupe Grey ou du Super Bowl. Il est bien important de démêler la CFL de la NFL et surtout les règles qui différencient le football canadien du football américain.  Il s'agit bien de deux sports différents.  Le football consiste à faire progresser le ballon jusque dans la zone des buts adverses pour marquer des points.  Un touché par la passe (captée dans la zone des buts) ou la course (avec le ballon jusqu'à la zone des buts) vaut 6 points.  Un placement (botté du ballon entre les poteaux) vaut 3 points.  Pour progresser sur le terrain, l'équipe qui a le ballon a un nombre fixe d'essais pour franchir 10 verges.  À chaque fois que cet objectif est atteint, on reset le compteur au premier essai (first down).  Quand une équipe ne franchit pas 10 verges dans sa série d'essais, elle cède le ballon à l'adversaire qui s'essaye à son tour dans la direction opposée, mais pas avant que l'équipe adverse ait habituellement utilisé son dernier essai pour dégager le ballon à l'aide d'un botté.  Mais diantre, je viens de réaliser que j'explique tout ça pour rien comme tu as déjà joué au flag football. Je n'effacerai toujours b'en pas tout ce texte.

Au football canadien (CFL), le terrain est de 110 verges (il y a une ligne centrale à 55 verges). Au football américain (NFL), le terrain est de 100 verges.  Ça a tout l'air qu'avec une population dix fois moindre sur une superficie plus grande, le Canada peut se permettre un terrain plus grand.  Malgré que le terrain soit plus long au football canadien, c'est seulement 3 essais pour franchir 10 verges contre 4 essais dans la version américaine.  Je me dis qu'on est meilleur que les Américains pour bien faire les choses du premier coup, c'est pourquoi on concède moins d'essais pour arriver au même résultat.  Il y a donc un peu plus de courses au sol dans la NFL avec l'essai supplémentaire. En revanche, on voit plus de changements de possession dans la version canadienne, ce qui brise parfois le rythme, mais provoque aussi des revirements inattendus. Il y a évidemment plus d'argent et de prestige à jouer dans la NFL. La CFL est un peu considérée comme une ligue de consolation pour les joueurs américains tandis que la NFL est un rêve pour les joueurs de l'élite canadienne.  La plupart des joueurs de la CFL cumulent un deuxième emploi pour vivre, même s'ils sont payés pour jouer.


Stade Percival Molson
Tout de même, si on oublie le budget de promotion et le battage médiatique autour de la NFL qui dilue son talent sur 32 équipes, on peut dire que la CFL donne un excellent spectacle avec moins de 10 équipes.  Il y a un quota de joueurs canadiens, ce qui protège l'identité canadienne des équipes et assure un excellent sauf-conduit à nos meilleurs joueurs collégiaux et universitaires.  Les Alouettes, comme toute équipe professionnelle à Montréal évoluent dans l'ombre du CH, mais dans cette position de négligés de l'espace marketing, ils ont toujours bien joué leurs cartes en se rapprochant davantage du public.   Comme avec l'Impact (soccer) d'ailleurs, les joueurs sont très accessibles.  Les fans ont aussi moins de difficultés à connecter avec une idole qui a un salaire dans le même ordre de grandeur qu'eux.  Les Alouettes ont joué dans plusieurs stades dans leur histoire, mais ils jouent la plupart des matchs au Stade Percival Molson en plein centre-ville au pied de la montagne depuis 1998 et ce n'est sûrement pas étranger au succès populaire.

Comme toute équipe, les Alouettes ont connu des hauts et des bas dans leur histoire.  Ils ont remporté 7 Coupes Grey depuis leur première saison en 1946.  Dans les années 80, la franchise fût dissoute, reprise sous un autre nom, les Concordes, pour disparaitre complètement en 1986.  Elle est récupérée en 1996, suite à l'expansion ratée de la CFL aux USA.  L'équipe connaît du succès depuis 2000 et elle a d'ailleurs remporté 3 Coupes Grey depuis 2002.  Mais c'est dans les années 70 que l'équipe a connu son âge d'or, sous la gouverne de Marv Levy.  Le Marv en question est atterri à Montréal en 1973 après avoir été entraineur-adjoint dans quelques équipes de la NFL.  En tant qu'entraîneur-chef, il mène les Alouettes à 3 finales de la Coupe Grey entre 1973 et 1977, chaque fois contre le rival de toujours, les Eskimos d'Edmonton.  Montréal l'emportera deux fois dans cette période.

En 1976, le club déménage au Stade Olympique et établit des records d'assistance pour une équipe professionnelle au Canada avec des foules supérieures à 68000 personnes.  La Coupe Grey de 1977 disputée au Stade fût mémorable.  Il faut se rappeler qu'à l'époque le stade est encore inachevé, sans mat ni toit.  Deux jours avant la finale, une tempête de neige s'abat sur la ville.  En pensant pouvoir nettoyer le terrain la veille du match, l'équipe d'entretien épand du sel déglaçant sur la surface de jeu, mais une forte pluie suivie d'un refroidissement transforme cette soupe de sel en patinoire.  Tony Proudfoot, demi-défensif, a une révélation quand il voit un technicien électrique utiliser sa brocheuse industrielle pour poser des agrafes sous ses semelles pour éviter de glisser.  Tony passe alors à la quincaillerie au petit matin et montre au reste de l'équipe comment transformer leurs crampons d'été en crampons d'hiver pour jouer ce que plusieurs appelaient déjà le Ice Bowl.  Avec cette traction accrue, les Alouettes l'emportent 41-6 sur les Eskimos devant 68300 spectateurs qui ont dû se rendre au match malgré une panne générale du Métro de Montréal et des conditions routières exécrables.  Aujourd'hui le mat est debout, le stade est couvert, mais inaccessible aussitôt qu'il neige avec son toit considéré non-sécuritaire sous le poids des précipitations solides.  Quelle ironie.



Après cette saison 1977, Marv Levy entend le chant des sirènes de la NFL et accepte de diriger les Chiefs de Kansas City pour quelques années avant de prendre la barre les Bills de Buffalo pendant 11 ans de 1986 à 1997.  Il s'inscrit dans l'histoire comme un des deux seuls entraîneurs-chefs à avoir participé à des finales de la Coupe Grey et du Super Bowl; un des rares à cumuler 100 victoires dans la NFL et le seul à avoir diriger une équipe dans 4 Super Bowl consécutifs.  Mais il est aussi célèbre pour les avoir tous perdus.  Eh oui, de 1990 à 1993, les Bills sont finalistes du Super Bowl, mais s'inclinent dans chacune de ces finales.  Marv Levy échangerait probablement toutes ses belles statistiques pour une seule bague du fameux championnat.  Il est maintenant écrivain, vit à Chicago et a informellement conseillé Marc Trestman lorsqu'il était entraineur des Alouettes il y a quelques années.

Tony Proudfoot, l'homme de la brocheuse à crampons du Ice Bowl, a fait carrière comme éducateur physique, notamment au Collège Dawson.  Il est décédé de la Sclérose Latérale Amyotrophique en 2010, mais pas avant s'être impliqué avec la Société SLA du Québec pour créer un fonds de recherche en son nom.  Je pense qu'il aurait beaucoup apprécié la folie du Ice Bucket Challenge de cette été.  Ce fût une belle façon de relayer le ballon de l'entraide, comme l'Ultra Bromont et le vélothon Roulez pour la SLA qui se déroule en fin de semaine avec mes amis Marc, Marco et Phil qui amassent des dizaines de milliers de dollars depuis 4 ans avec leur équipe de Pédaleux.

Tu peux voir les Alouettes au Stade Percival Molson (Métro McGill) au pied de la montagne.  Ce n'est pas leur meilleure année, mais comme moi, tu sais que ce n'est pas terminé tant qu'on n'a pas entendu le sifflet final.

Après avoir plumé les L des Alouettes, on va prendre l'air dans un endroit qu'on M.