Montagne. On ne peut pas esquiver le promontoire qui s'élève au centre de l'ile dans une discussion sur Montréal. Le Mont-Royal a quand même donné son nom à la ville. Faisons donc un petit tour d'horizon de ce grand terrain de jeu.
D'entrée de jeu, une montagne ça commence où au juste ? Dans notre convention de prendre le niveau de la mer comme référence pour l'altitude, on établit le sommet du monde à 8848m au Mont Everest. Si on s'attardait plutôt aux dénivelés absolus sans égard à la ligne des eaux, on aurait des classements différents. Le Mauna Kea dans les iles d'Hawaii émerge 6000m au-dessus de la mer, mais le Pacifique nous cache 4000m de sa base immergée. Le Mauna Kea est donc la plus haute montagne sur la terre avec plus de 10000m de différence entre sa base et son sommet. Le Mont Chimborazo en Équateur a une modeste altitude de 6300m, mais comme la Terre est oblongue (comme un ballon aplati aux pôles qui fait un peu d'embonpoint équatorial), le sommet du Chimborazo, géographiquement très près du nombril terrestre, est le point le plus éloigné du centre de la Terre avec un bon 2000m "plus grand" que l'Everest de ce point de vue.
Le Mont-Royal, quel que soit l'instrument de mesure, est loin du haut de la liste. Il culmine à 234m d'altitude (par rapport au niveau de la mer). Pour l'avoir visité au mois de juillet, son sommet est peu invitant avec son antenne et la petite cahute en béton tapissée de tags et qui sent l'urine. J'ai visité l'endroit à la fin d'une course folle visant à visiter tous les sommets des collines montérégiennes la même date. Les collines montérégiennes (rappel de ta géographie du secondaire) sont des formations géologiques au sud du Fleuve St-Laurent. Grosso modo, il y 125 millions d'années des micro-faiblesses dans la croute terrestre libèrent des montées de magma qui n'atteignent pas la surface. Les périodes glaciaires bulldozent ensuite le sol, mais la roche ignée résiste au passage et on se retrouve avec ces belles protubérances qui agrémentent les basses terres de Montréal jusqu'au pied des Appalaches. Mégantic, Shefford, Brome, Yamaska, Rougemont, St-Hilaire, St-Grégoire, St-Bruno et le Mont-Royal sont de cette race de montagne.
À Montréal, quand on parle du Mont-Royal, tout le monde convient qu'on parle bien sûr de la montagne, mais plus souvent qu'autrement, on veut parler de l'espace vert que constitue le parc du même nom. Pour moi, aussitôt qu'on prend notre élan pour passer du "bas" de la ville pour se rendre sur la rue Sherbrooke et au delà, on amorce l'ascension de la montagne. Aucun habitant du quartier du Plateau ne dirait qu'il vit sur le Mont-Royal, mais c'est clair que par rapport à la rue Ontario, la rue Laurier, par exemple, est un peu sur la montagne. Mais tout ça, c'est de la rhétorique, je veux juste dire que dans les villes, on a tendance à oublier la géologie sous le relief. Parlons-donc du parc.
Le Parc du Mont-Royal est l'oeuvre de l'architecte-paysagiste Frederick Law Olmsted. Le même qui a aménagé Central Park au coeur de Manhattan (rappel de notre voyage à New York). J'imagine que les architectes-paysagistes étaient des oiseaux rares au 19e siècle. L'idée de préserver un coin de nature dans des villes où l'air était encore moins respirable qu'aujourd'hui était probablement plus une nécessité qu'une lubie d'environnementaliste. Encore aujourd'hui, quand on étouffe en ville, il suffit de quitter le béton et l'asphalte et pénétrer juste assez loin dans l'ombre des grands arbres du parc pour sentir un apaisement, seulement par la l'atténuation de la chaleur et du bruit.
La montagne est un petit univers qui est mieux découvert en auto-propulsion. Les amateurs de vélo de route adorent s'élancer sur la voie Camilien Houde, le prolongement de l'avenue Mont-Royal sur le côté est. La majorité de ces cyclistes sont là pour pousser leur bolide dans la pente et ne s'attardent probablement plus à la beauté qui les entoure. Par exemple, bien peu s'arrêtent à mi-chemin au belvédère pour contempler tout l'est de l'ile et compter les montérégiennes à l'horizon. La plupart arrivent en haut, boucle la boucle en redescendant dans Côte-des-Neiges, passent à l'Université de Montréal et reviennent sur l'Avenue du Parc.
C'est à pied que la montagne montre son meilleur jour. Côté est sur l'Avenue du Parc, on a le Parc Jeanne-Mance qui rassemble des joueurs de tam-tam à tous les dimanches autour de la statue de Georges-Étienne Cartier. C'est un rendez-vous assez familial, parfois agrémenté d'effluves thérapeutiques (si tu t'approches un peu trop des percussionnistes). De l'autre côté de la rue du Parc, il y a quantité de plateaux sportifs, mais déjà on s'éloigne de la montagne. Mon accès préféré est vraiment par la rue Peel à la hauteur de Sherbrooke. De là, quelques 250 marches mènent au chalet de la montagne dont le parvis s'allonge pour former le belvédère Kondaronk qui offre la plus belle vue du centre-ville.
Autant la vue et l'aménagement du belvédère doit ravir les touristes, autant la vacuité du chalet de la montagne doit les décevoir. Il y a quelque-chose à faire là, mais personne ne semble voir l'opportunité. De là, plusieurs sentiers, où on croise des joggeurs à longueur d'année, traversent la partie centrale et sud du parc. Il est possible de se rendre à la croix, au vrai sommet (un peu moche), mais aussi au Lac des Castors. On peut y patiner l'hiver et y voir des canards l'été.
Si tu t'aventures au nord du chemin Remembrance, tu découvriras une mer de morts alignés en rangées, les cimetières de la montagne que j'ai évoqué à la lettre C. Bon, ça sonne vraiment nul comme activité et bien franchement j'espère qu'on respectera ma volonté d'être incinéré, car c'est vraiment ridicule d'utiliser autant de terrain pour la mémoire de corps en décomposition (mes respects à tous les habitants bien impuissants de ces lotissements perdus). Or, pour en avoir déjà fait l'expérience, déambuler sans but à travers cette forêt de granit gravé de souvenirs oubliés est plus ressourçant qu'on le croirait. Il y a certes des oeuvres d'art intéressants, des anges attendrissants, mais surtout un rappel assez tangible que notre passage ici-bas est temporaire et qu'on doit se faire aller la machine à bonheur avant de finir inanimé dans les bras d'une colline montérégienne. De façon plus ludique, tu peux jouer à retrouver des personnages célèbres comme Nelligan, Maurice Richard, Honoré Mercier, Robert Bourassa ou Olivier Guimond. Si tu t'aventures plus au nord, tu te retrouveras à l'Université de Montréal. Mais si tu veux vraiment entrer à l'université, ce n'est pas en traversant le cimetière que tu y arriveras, mais plutôt en réussissant ton DEC.
Le Parc du Mont-Royal, c'est la mère de tous les parcs à Montréal. Autrement, en importance et en superficie:
Bon, j'espère que tu réussiras à profiter un tant soit peu des espaces verts montréalais malgré ta charge de travail. Été comme hiver, une marche dans la montagne est un bon moyen de se donner un break de la grande ville.
C'est un M très vert. On aura probablement un N plus sombre...
Mont Everest |
Le Mont-Royal, quel que soit l'instrument de mesure, est loin du haut de la liste. Il culmine à 234m d'altitude (par rapport au niveau de la mer). Pour l'avoir visité au mois de juillet, son sommet est peu invitant avec son antenne et la petite cahute en béton tapissée de tags et qui sent l'urine. J'ai visité l'endroit à la fin d'une course folle visant à visiter tous les sommets des collines montérégiennes la même date. Les collines montérégiennes (rappel de ta géographie du secondaire) sont des formations géologiques au sud du Fleuve St-Laurent. Grosso modo, il y 125 millions d'années des micro-faiblesses dans la croute terrestre libèrent des montées de magma qui n'atteignent pas la surface. Les périodes glaciaires bulldozent ensuite le sol, mais la roche ignée résiste au passage et on se retrouve avec ces belles protubérances qui agrémentent les basses terres de Montréal jusqu'au pied des Appalaches. Mégantic, Shefford, Brome, Yamaska, Rougemont, St-Hilaire, St-Grégoire, St-Bruno et le Mont-Royal sont de cette race de montagne.
Les Montérégiennes |
À Montréal, quand on parle du Mont-Royal, tout le monde convient qu'on parle bien sûr de la montagne, mais plus souvent qu'autrement, on veut parler de l'espace vert que constitue le parc du même nom. Pour moi, aussitôt qu'on prend notre élan pour passer du "bas" de la ville pour se rendre sur la rue Sherbrooke et au delà, on amorce l'ascension de la montagne. Aucun habitant du quartier du Plateau ne dirait qu'il vit sur le Mont-Royal, mais c'est clair que par rapport à la rue Ontario, la rue Laurier, par exemple, est un peu sur la montagne. Mais tout ça, c'est de la rhétorique, je veux juste dire que dans les villes, on a tendance à oublier la géologie sous le relief. Parlons-donc du parc.
Le Parc du Mont-Royal est l'oeuvre de l'architecte-paysagiste Frederick Law Olmsted. Le même qui a aménagé Central Park au coeur de Manhattan (rappel de notre voyage à New York). J'imagine que les architectes-paysagistes étaient des oiseaux rares au 19e siècle. L'idée de préserver un coin de nature dans des villes où l'air était encore moins respirable qu'aujourd'hui était probablement plus une nécessité qu'une lubie d'environnementaliste. Encore aujourd'hui, quand on étouffe en ville, il suffit de quitter le béton et l'asphalte et pénétrer juste assez loin dans l'ombre des grands arbres du parc pour sentir un apaisement, seulement par la l'atténuation de la chaleur et du bruit.
La montagne est un petit univers qui est mieux découvert en auto-propulsion. Les amateurs de vélo de route adorent s'élancer sur la voie Camilien Houde, le prolongement de l'avenue Mont-Royal sur le côté est. La majorité de ces cyclistes sont là pour pousser leur bolide dans la pente et ne s'attardent probablement plus à la beauté qui les entoure. Par exemple, bien peu s'arrêtent à mi-chemin au belvédère pour contempler tout l'est de l'ile et compter les montérégiennes à l'horizon. La plupart arrivent en haut, boucle la boucle en redescendant dans Côte-des-Neiges, passent à l'Université de Montréal et reviennent sur l'Avenue du Parc.
C'est à pied que la montagne montre son meilleur jour. Côté est sur l'Avenue du Parc, on a le Parc Jeanne-Mance qui rassemble des joueurs de tam-tam à tous les dimanches autour de la statue de Georges-Étienne Cartier. C'est un rendez-vous assez familial, parfois agrémenté d'effluves thérapeutiques (si tu t'approches un peu trop des percussionnistes). De l'autre côté de la rue du Parc, il y a quantité de plateaux sportifs, mais déjà on s'éloigne de la montagne. Mon accès préféré est vraiment par la rue Peel à la hauteur de Sherbrooke. De là, quelques 250 marches mènent au chalet de la montagne dont le parvis s'allonge pour former le belvédère Kondaronk qui offre la plus belle vue du centre-ville.
La vue du Belvédère Kondaronk |
Si tu t'aventures au nord du chemin Remembrance, tu découvriras une mer de morts alignés en rangées, les cimetières de la montagne que j'ai évoqué à la lettre C. Bon, ça sonne vraiment nul comme activité et bien franchement j'espère qu'on respectera ma volonté d'être incinéré, car c'est vraiment ridicule d'utiliser autant de terrain pour la mémoire de corps en décomposition (mes respects à tous les habitants bien impuissants de ces lotissements perdus). Or, pour en avoir déjà fait l'expérience, déambuler sans but à travers cette forêt de granit gravé de souvenirs oubliés est plus ressourçant qu'on le croirait. Il y a certes des oeuvres d'art intéressants, des anges attendrissants, mais surtout un rappel assez tangible que notre passage ici-bas est temporaire et qu'on doit se faire aller la machine à bonheur avant de finir inanimé dans les bras d'une colline montérégienne. De façon plus ludique, tu peux jouer à retrouver des personnages célèbres comme Nelligan, Maurice Richard, Honoré Mercier, Robert Bourassa ou Olivier Guimond. Si tu t'aventures plus au nord, tu te retrouveras à l'Université de Montréal. Mais si tu veux vraiment entrer à l'université, ce n'est pas en traversant le cimetière que tu y arriveras, mais plutôt en réussissant ton DEC.
Le Parc du Mont-Royal, c'est la mère de tous les parcs à Montréal. Autrement, en importance et en superficie:
- Le Parc Lafontaine: Il y a un joli étang au centre de ce parc très familial le jour, mais aussi connu pour ses chaudes rencontres la nuit tombée.
- Le Parc Maisonneuve: Collé sur le Parc Olympique, c'est un parc plutôt sportif avec ses grands espaces. Probablement une bonne place pour se blesser en jouant à l'extreme-frisbee.
- Le Parc Angrignon: C'est le parc qu'il faut traverser pour se rendre au Métro quand on habite les résidences du Cégep André Laurendeau.
- Le Parc Jarry: Au centre de ce grand parc, où jadis évoluait les Expos, on trouve le Stade Uniprix où les grands du tennis s'affrontent à chaque été. Attenant au parc, une grande piscine et des aires qui invitent aux joies du sport.
- La Place Émilie Gamelin: Situé près de la station Berri-UQAM, il est souvent le point de départ de manifestations. On y trouve des oeuvres contemporaines, un jeu d'échec géant, mais aussi beaucoup de délinquance et après la gare d'autobus, probablement le plus grand piège des jeunes qui viennent de fuguer pour les proxénètes et vendeurs de drogue. J'aimerais mieux que tu ne te tiennes pas là, ma belle muse de blogue.
- Le Parc Lhasa de Sela: Situé dans Rosemont, ce parc commémore l'oeuvre de Lhasa de Sela, auteure-compositeure-interprète américano-mexicano-québécoise polyglotte qui est passée comme une étoile filante dans l'espace culturel montréalais, décédant du cancer dans la trentaine. Sa voix envoûtante et ses textes hypnotiques m'ont toujours charmé, j'ai tous ses disques.
Bon, j'espère que tu réussiras à profiter un tant soit peu des espaces verts montréalais malgré ta charge de travail. Été comme hiver, une marche dans la montagne est un bon moyen de se donner un break de la grande ville.
C'est un M très vert. On aura probablement un N plus sombre...
Hahahahahaha!!! Le jeu de chercher des morts avec le lien du cimetière! Mais j'avoue que de se promener dans un cimetière et de voir la tombe d'un personnage important c'est assez spécial comme moment. Je me souviens de cimetière de Boston avec la tombe de Franklin, je crois. En regardant le site du cimetière, j'ai vu qu'il y avait même un amérindien décédé en 1690! Ça aussi c'est spécial... Tout comme le Lac aux castors, où il y a des canards et des patineurs, mais pas de castors!?
RépondreEffacerTu me donnes envie d'aller me promener sous les arbres! Respirer un peu d'oxygène frais... Quand le soleil va ressortir, je pense que je sais ce que je vais faire, tant qu'à m'apporter des devoirs pour flâner efficacement!
Ouain, excellente observation, je ne pense pas qu'il y ait des castors dans le Lac des Castors... :-)
EffacerJe suis vraiment touché que tu te rappelles qu'on est passé à la tombe de Franklin à Boston. Toujours peur que mes circuits touristiques deviennent un "bore" pour mes jeunes neveux et nièces.
EffacerBore (B?) : nouveau mot! Je te rassure, c'est n'est pas du tout ennuyant de voyager en ta compagnie; j'apprend et je vois plein de nouvelles choses! Ce n'est pas pour rien que j'aime autant te lire sur Montréal!!!!
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