Flâner. Eh non, ce n'est pas Farine comme certains l'imaginaient, quoique l'enseigne Farine Five Roses est une belle signature pour le paysage de Montréal. J'avais un autre thème en tête pour l'étudiante en patins: le flânage, la farniente, le passage à vide, le rien-faisage ou peut-être pour employer des mots plus modernes: chiller ou vegger.
Mes pires souvenirs de flânage étudiant sont pathétiques. J'étais déjà abonné à La Presse à l'époque. Il m'est déjà arrivé de passer la chronique nécrologique au complet, remarquant que certains compositeurs d'eulogies étaient à mourir de rire (dans la tristesse). J'ai déjà fait le tour de tous les tableaux météo du canal Environnement Canada (ancêtre de MétéoMédia). Il n'y avait aucun animateur, juste la musique d'ascenseur avec une succession de cartes météo monochromes et drabes au possible. Et que dire des 5 examens en 5 jours à la fin d'une session d'hiver qui tombe toujours en pleines séries de la Coupe Stanley. Je regardais la partie jusqu'à 23:00 (en souhaitant le moins de prolongations possibles), j'étudiais pendant la nuit jusqu'à 3 ou 4 heures et me présentait à l'examen du lendemain après une très courte nuit. Repos dans l'après-midi jusqu'à la prochaine partie. N'essaye surtout pas ça. J'avais vraiment de la facilité à l'école (comme toi probablement), mais je ne faisais aucun sport d'élite. Un vrai nerd.
Heureusement pour l'humanité, je ne faisais effectivement aucun sport d'élite. À Sherbrooke, les étudiants de la faculté d'ingénierie m'avaient recruté de force dans leur équipe de basketball, ce qui faisait de moi un traître vis-à-vis mon groupe d'informatique. Je me souviens d'avoir joué la première partie de l'année contre l'équipe d'Éducation Physique. On avait perdu 105-7. Énigme sur comment on a fait pour inscrire les 7 points. Quand on a joué contre l'équipe d'informatique, mes compagnons de faculté ont vite compris que je nuisais plus qu'autre chose aux futurs ingénieurs. À l'époque, je conjuguais plus facilement le sport avec la télé, cette compagne de flânerie par excellence. Les Jeux de Séoul (1988) allumèrent une étincelle dans mes jambes et je décidai de me mettre au jogging afin de transformer ma flânerie chronique en entraînement bénéfique. Je me souviendrai toujours d'un frénétique tour du bloc qui m'avait étourdi au point de passer près tomber dans les pommes. Quand j'avais réussi à rattraper mon souffle, je m'étais écrasé sur le sofa devant le petit écran pour verser une larme devant Rosa Mota qui cruisait à 18 km/h au 36e km du marathon. Moi, je pensais que je venais de frôler la mort en courant moins de 2 km au pas de tortue. L'étincelle a fait long feu, il faudra près de 10 ans avant que je rechausse des espadrilles dans le but avoué de courir après mon souffle.
Comme on parle ici de flâner et que ton agenda inclus déjà des périodes d'entraînement, exit le sport pour te détendre, à moins que t'aies le goût d'un peu de récupération active de temps en temps. Dans le Parc Angrignon, il y a des pistes de ski de fond l'hiver, le patin à roues est aussi un bon choix (Circuit Gilles-Villeneuve, Canal Lachine), mais si tu veux vraiment te vider le cerveau, vaut mieux éviter la transpiration. Et ne me donne pas du iPod ou du cellulaire comme idée de flânage, je disqualifie ces bidules électroniques qui sont des outils de communication qui interrompent trop souvent les vraies séances de décrochage. Il faut quand même que tu puisses montrer un certain niveau de sophistication même dans la débauche intellectuelle. Tu dois t'élever même dans la futilité.
Or, comme tu n'as vraiment pas le temps de niaiser, je propose une technique de substitution très efficace. Quand tu reconnais ce moment critique de torpeur où tu prendrais un cours de salsa avec un itinérant à la place de lire ce roman obligatoire pour le cours de littérature, eh bien, c'est le temps de retourner le décor et mettre en pratique ma technique infaillible: Faire le ménage, pelleter et passer la tondeuse sont pour moi (et pour plusieurs) des moments de petite mort lente. J'ai découvert que si j'inversais la situation et que je renommais ces activités, toutes ces corvées devenaient des moments magiques. J'inverse donc la situation en me collant les écouteurs aux oreilles avec ma meilleure liste de lecture et je transforme la situation en m'affirmant clairement: "Je ne vais pas pelleter, je vais plutôt écouter de la musique à l'extérieur et profiter de l'occasion pour déblayer l'entrée".
Revenons à ton roman. Tu as plusieurs heures que tu pourrais consacrer à ce sacrifice littéraire ? Renverse la situation: "Je vais faire une jolie sortie à l'extérieur dans un environnement le plus évocateur possible et je vais en profiter pour savourer ce délicieux roman". Ainsi, tu pourras profiter d'endroits que tu n'aurais pas pris le temps de visiter tout en avançant subtilement tes études. Un roman de Michel Tremblay ? Va t'asseoir sur un banc du Carré St-Louis pour t'imprégner des lieux et t'imaginer que la grosse femme d'à côté va venir te demander une cigarette. Un roman en campagne ? Va t'installer sur l'ile Ste-Hélène au pied d'un orme et laisse toi caresser par une feuille qui tombe. Un roman urbain ? Va t'asseoir derrière la Place Ville-Marie à l'ombre des gratte-ciels pour mieux t'imaginer ces espaces d'ombre et de lumière. Tu pourrais même étudier ta Physique Mécanique assis sur l'Esplanade de la Place des Arts où tu auras une belle vue sur les grues du chantier du CHUM. Un roman historique ? Va sur le Mont-Royal au Cimetière de la Côte des Neiges et va t'asseoir sur une des milliers de tombes, le dos appuyé sur une pierre épitaphe pour bien te rappeler que les personnages de ton livre sont tous morts depuis longtemps (probablement pas en faisant le ménage)... Bon, ça c'est un peu intense, mais ce sont des exemples percutants de ma technique d'inversion. Le plaisir dans la corvée.
Or, comme tu n'as vraiment pas le temps de niaiser, je propose une technique de substitution très efficace. Quand tu reconnais ce moment critique de torpeur où tu prendrais un cours de salsa avec un itinérant à la place de lire ce roman obligatoire pour le cours de littérature, eh bien, c'est le temps de retourner le décor et mettre en pratique ma technique infaillible: Faire le ménage, pelleter et passer la tondeuse sont pour moi (et pour plusieurs) des moments de petite mort lente. J'ai découvert que si j'inversais la situation et que je renommais ces activités, toutes ces corvées devenaient des moments magiques. J'inverse donc la situation en me collant les écouteurs aux oreilles avec ma meilleure liste de lecture et je transforme la situation en m'affirmant clairement: "Je ne vais pas pelleter, je vais plutôt écouter de la musique à l'extérieur et profiter de l'occasion pour déblayer l'entrée".
Revenons à ton roman. Tu as plusieurs heures que tu pourrais consacrer à ce sacrifice littéraire ? Renverse la situation: "Je vais faire une jolie sortie à l'extérieur dans un environnement le plus évocateur possible et je vais en profiter pour savourer ce délicieux roman". Ainsi, tu pourras profiter d'endroits que tu n'aurais pas pris le temps de visiter tout en avançant subtilement tes études. Un roman de Michel Tremblay ? Va t'asseoir sur un banc du Carré St-Louis pour t'imprégner des lieux et t'imaginer que la grosse femme d'à côté va venir te demander une cigarette. Un roman en campagne ? Va t'installer sur l'ile Ste-Hélène au pied d'un orme et laisse toi caresser par une feuille qui tombe. Un roman urbain ? Va t'asseoir derrière la Place Ville-Marie à l'ombre des gratte-ciels pour mieux t'imaginer ces espaces d'ombre et de lumière. Tu pourrais même étudier ta Physique Mécanique assis sur l'Esplanade de la Place des Arts où tu auras une belle vue sur les grues du chantier du CHUM. Un roman historique ? Va sur le Mont-Royal au Cimetière de la Côte des Neiges et va t'asseoir sur une des milliers de tombes, le dos appuyé sur une pierre épitaphe pour bien te rappeler que les personnages de ton livre sont tous morts depuis longtemps (probablement pas en faisant le ménage)... Bon, ça c'est un peu intense, mais ce sont des exemples percutants de ma technique d'inversion. Le plaisir dans la corvée.
J'ai profité de l'allégorie ci-dessus pour énumérer plusieurs lieux qui m'inspirent pour flâner à Montréal. Oui, je l'sais, tu peux aussi aller à côté du Centre Bell et t'asseoir au pied de la statue de Maurice Richard pour revoir tes plans de jeu (si tu fais ça, laisse un verre à café à tes pieds, tu pourrais faire une couple de piastres). N'oublies surtout pas que le repos est un partie importante de l'entraînement et surtout ne gaspille jamais un moment de flânerie. Flâne avec classe, mais le moins possible en classe. Flâne dans le coin, mais jamais dans les coins. Et surtout, back-check, back-check, ma belle flâneuse pressée.
G le goût de commencer le G, mais j'ai une petite torpeur soudaine...
G le goût de commencer le G, mais j'ai une petite torpeur soudaine...
Alors si je comprend bien, flâner c'est un peu comme dormir, mais avec les yeux ouverts. C'est cool!
RépondreEffacerCet après-midi, aucun cours à l'horaire et pas d'activité d'équipe avant 6h. J'en ai donc profiter pour me rattraper en français, chimie et physique (j'étais en retard à cause de mon tournoi, pas parce que je suis allée chiller). Je lisais un livre sur Sasha Samar et j'ai bien eu envie d'aller le lire en Ukraine.. ou encore à l'aéroport pour m'imprégner de toutes les cultures... Bon ben la ça marchais pas mais c'est un truc vraiment cool et j'ai hâte d'aller flâner à la Eric!!
RépondreEffacerEn passant, je voulais encore te dire merci de me faire découvrir la ville, de m'expliquer la vie et de me faire rire avec tes histoires de sportif en devenir :P
Rachel, j'espère que tu comprends la fausse prétention quand je dis que je t'explique la vie. En passant, il y a une belle cathédrale ukrainienne sur le Boulevard St-Michel (Quartier Rosemont).https://www.google.com/maps/place/Ukrainian+Orthodox+Cathedrale+of+Sainte+Sophie/@45.5543619,-73.5826384,17z/data=!4m2!3m1!1s0x4cc91953766c856f:0x1ed81054dd95d0f6
EffacerHaha voir que tu as vraiment un endroit ukrainien à me suggèrer! Et oui je le sais mais c'est quand même vrai que j'aime ça me faire raconter la vie!!!
RépondreEffacerFiente ou Farniente? Hmmm ;)
RépondreEffacerCorrigé. Good catch. Probablement une auto-correction de blogger dans le transport. L'autre fois, ça a changé bibitte en bubulle...
Effacer