Nightlife. Voici sûrement un mot qui ne risque pas de t'affecter dans les prochains mois. De toute façon, tu es toujours mineure et tu as mieux à faire que d'essayer d'entrer dans les bars comme dans le film 1987 que nous avons eu la chance de voir ensemble.
Montréal est reconnue pour son activité nocturne. D'abord, le Québec où l'heure limite de fermeture des bars est fixée à 3:00 est une des plus libérale en Amérique du Nord. Certains établissements font même du after-hours en fermant à 5:00, cessant la vente d'alcool à 3:00. En Ontario, les bars ferment à 2:00, comme c'est le cas dans la plupart des provinces, sauf Terre-Neuve et Labrador. Aux États-Unis, ça varie par état et même par comté, mais mise à part la région métropolitaine de New-York, Vegas (ça ne ferme jamais), Hawaii et l'Alaska, la norme est de fermer à 2:00. Ainsi, pour les gens qui veulent s'éclater, Montréal est une destination toute indiquée. C'est un volet important de la stratégie touristique de la ville.
Il y a quantité d'évènements centrés sur avoir du fun quand le soleil se couche. J'ai déjà parlé de l'IglooFest et Montréal en Lumière. Quantité de festivals programment les chaudes soirées d'été. Il y a aussi des trucs éclectiques comme les partys raves comme Black & Blue (que j'te vois pas aller là !) et le Bal en Blanc où on s'habille tout de blanc et on apporte son pique-nique dans un endroit gardé secret jusqu'à la dernière minute.
Monia et moi avons rarement profité du night-life. Quand nous étions à Montréal, Monia était étudiante et moi, je faisais deux heures de route par jour pour mes allers-retours au travail. On profitait surtout du evening-life. Plus tard, même en weekend à Montréal, notre mode de vie active nous a toujours porté à répondre à l'appel du lit très tôt. En fait, chaque fois qu'on a profité du night-life de Montréal, c'était parce qu'on se levait avant l'aube pour battre le pavé pendant que la circulation est au minimum et surtout en attendant que les restos ouvrent pour le petit-déjeuner et notre premier café. De temps en temps, on se fait un petit weekend hivernal en réservant un hotel douillet dans le centre-ville. Une année, c'était l'Igloofest, un gros happening de DJ en plein-air dans le Vieux-Port, on est allé se coucher à la place. Une autre fois, c'était pendant Montréal en Lumière. En sortant du spectacle de Pierre Lapointe à la PdA, on avait idée de profiter de la Nuit Blanche (quel bon timing!) pour parcourir les expositions et performances gratuites qui tapissent la ville pendant cet évènement. On a marché directement jusqu'à l'hôtel et on est ressortis que le lendemain un peu avant l'aube, alors que tout était terminé. Plates de même...
Quand vient le temps d'aller dans un bar, il faut vraiment se questionner sur le but de l'objectif de la chose. En vieillissant, j'ai vite commencé à trouver que c'était un peu nono de sortir entre amis pour se retrouver dans un endroit où la musique est si forte qu'on ne peut converser à moins de se crier dans les oreilles. C'est un peu comme essayer de faire un souper entre amis avec de très jeunes enfants. On se donne beaucoup de mal pour souper ensemble pour finalement constamment interrompre la conversation pour essuyer un dégât, donner du lait à un, régler un conflit, ramasser du régurgi et du vomi, consoler l'autre et s'obstiner pour que les enfants mangent encore trois bouchées. On mange froid, toutes les conversations restent inachevées et après il faut tout nettoyer au boyau d'arrosage. Quand tu étais encore jeune, personne dans la famille n'a suivi mon excellente suggestion de cesser ces repas pour les remplacer par des après-midi en famille où tout le monde retourne souper chez-lui. Vous avez fini par grandir et c'est enfin agréable de manger tous ensemble, mais vous êtes toutes et tous en train de nous quitter. Là, on rêve juste de faire un pique-nique avec toute la gang dans le Parc Angrignon. On aime donc ça se donner du trouble. Mais on s'éloigne du sujet, on parlait des bars.
Aller dans un bar, oui mais pourquoi alors ? Danser au son de la musique ? On peut très bien faire ça dans sa résidence avec l'avantage qu'on choisit la musique. Mais danser, c'est toujours plus agréable en groupe et ça justifie de le faire dans un bar. Les bars qui sont vraiment conçus pour la danse, ne sont conçus que pour ça: c'est sombre, ça flashe et c'est tonitruant. Impossible d'échanger deux mots sans s'égosiller, mais si vous voulez danser, dansez ! Plusieurs y vont pour flirter, mais j'ai mes gros doutes quant au taux de succès d'une rencontre basée sur l'appréciation de gestes frénétiques sous des lumières stroboscopiques. Il faut savoir que les bars où on peut parler et s'entendre sans crier ont rarement une piste de danse et une musique vraiment appropriée au défoulement collectif. Y danser dans le milieu de la place nécessite une bonne confiance en soi. Ces bars plus tranquilles proposent souvent une ambiance avec une musique de fond branchée et un éclairage tamisé. Il faut vraiment vouloir une ambiance, surtout si la Coors Light est 6$. Il y a les bars sportifs qui permettent de communier au grand rite du sport télévisé en grand groupe. Quand le match est enlevant, c'est une belle alternative au billets inabordables et une meilleure raison de fréquenter un débit de boisson. Il y a de bons bars musicaux où on propose des performances live, souvent avec des artistes "covers" (qui reprennent les succès des groupes populaires), mais aussi par des groupes connus. Garou, Pascale Picard et compagnie ont tous commencé en faisant les bars. Encore là, il ne faut pas s'imaginer avoir une discussion profonde pendant ces shows, mais c'est souvent un excellent divertissement entre amis.
Il y a des bars ludiques, comme les salles de billiards qui permettent de bien mélanger les groupes en permettant aux moins bavards de se concentrer sur la table et les plus dissipés de se contenter de regarder en papotant derrière les joueurs. D'autres bars sont vraiment originaux. Quand nous étions à Montréal, on a souvent passé de belles soirées au "Passez Go" qui proposait des dizaines de jeux de société pour s'amuser entre amis. Ce bar n'existe plus, mais il y a maintenant Randolphe sur la rue St-Denis qui propose un concept similaire.
Où vont les gens quand les gens sortent ? Le Boulevard St-Laurent qui divise la ville dans son axe est-ouest (A) aligne plusieurs bars branchés. C'est là qu'on voit les plus longues files d'attente le vendredi et le samedi vers 23:00. Une tenue à la mode est attendue dans ses établissements, comme sur la rue Crescent où on trouve une clientèle plus anglophone. Sur St-Denis au sud de Sherbrooke (le Quartier Latin), on trouve des bars plus conviviaux où les jeans et le T-shirt sont monnaie courante. Le Saint-Ciboire et le Saint-Sulpice s'accommodent bien de la clientèle étudiante. C'est aussi le cas des Deux Pierrots, sur la rue St-Paul dans le Vieux Montréal, une boîte à chansons assez survoltée où des chansonniers répètent éternellement les classiques du folklore québécois. Dans notre temps, c'était fréquent qu'on fasse monter un touriste anglophone sur scène pour se payer sa tête en essayant de lui faire répéter des bouts de chansons grivoises ou blasphématoires. Ta mère a renversé sa bière sur moi à plusieurs reprises dans ce bar survolté.
Parlant de ta mère, elle a vécu à Montréal quelques mois en même temps que Monia et moi pendant ses études. On faisait des activités ensemble de temps en temps. Une fois, elle et Monia ont décidé d'aller dans un bar près de chez-nous et elles se sont retrouvées dans une espèce de fête country-western. Ce soir-là, il y avait un cheval dans le bar ! Une autre fois, encore dans notre quartier, nous marchions sur Atwater en après-midi et on a décidé d'entrer dans un bar pour se réchauffer et prendre un verre. Une fois assis, on s'est rendu compte qu'il y avait un film porno qui jouait à l'écran accroché dans le coin de la pièce. Le barman a stoppé le film quand il a vu les dames. Probablement que Monia et Isabelle étaient les premières femmes à entrer dans ce bar depuis longtemps. Je ne me rappelle plus de la suite, mais on n'a pas dû s'éterniser. C'est pour dire qu'un endroit ouvert à des clients n'est pas nécessairement destiné à toutes les clientèles.
J'allais expliquer les rallyes-brasseries et la confrérie Buffalo qui ont sûrement fait baisser la moyenne générale à la faculté des sciences de l'Université de Sherbrooke à mon époque, mais je pense que je vais éviter d'élaborer, m'auto-imposer un contrôle parental et esquiver le sujet en laissant ton imagination extrapoler ce que renfermaient ces activités de groupe. Toi qui a beaucoup de difficultés à démêler ta droite et ta gauche, je dirais que l'initiation Buffalo risquerait de nuire à tes ambitions de hockeyeuse et pour ce qui est des rallyes, je dirai juste que c'était une activité pédestre et que j'ai déjà été dans une équipe gagnante. Comme on le sait, j'ai toujours été bon dans les courses de fond, même de fond de tonne.
Sur ces mots qui confessent des passages de ma vie étudiante qui ne devrait jamais servir d'exemple, malgré ma réussite relative au bout du compte, je réalise que je suis en train de te jaser de débits de boisson et de travers à ne pas prendre, alors que je relatais trois paragraphes plus haut les soupers de famille où tu n'étais pas capable de t'alimenter seule et que tu répondais "Asas" quand on te demandait ton nom. Il me semble que c'était hier.
Déguste chaque gorgée quand tu fais la fête. Essaye d'éviter les fois où ça ne goûte plus rien et que tu recommences à t'appeler "Asas". T'es capable d'être folle tout en restant sobre. On t'aime avec toute ta tête, même quand tu fais la fête !
Le blogue a vraiment sombré dans l'enfer de l'alcool avec son N. On essayera de se refaire une dignité avec le O.
C'est noté! Mais pour l'instant, je suis d'accord avec toi, ça ne sert pas à grand chose de bâtir des stratégies incroyables pour rentrer illégalement dans un bar, se faire défoncer les tympans et perdre la boule, en plus de se ruiner et de pocher un examen. Pour le moment, le hockey me suffit pour avoir du fun et perdre du temps d'étude!
RépondreEffacerMerci Mylène de rectifier le tir. Si j'ai bien compris, au dîner en blanc, tu t'habilles en blanc et au bal en blanc, tu t'habilles aussi en blanc, mais le moins possible... :-) Ces petites méprises démontrent combien je suis déconnecté du nightlife.
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