28 août 2014

D pour Détour


Détour.  Ce n'est pas un mot que tu risques de voir souvent si tu ne prends pas le volant.  Mais j'imagine que si tu trouvais la lampe d'Aladdin, je parie qu'un des trois souhaits aurait quatre roues, un moteur et une poche de hockey dans le coffre.  C'est un rêve d'étudiant depuis les années 50, mais c'est à y penser deux fois quand tu demeures dans une grande ville.

Quiconque a déjà été propriétaire d'une voiture se rappelle de sa première, surtout si elle a transporté ses cahiers et ses livres scolaires.  Mon frère m'avait vendu son superbe Oldsmobile Cutlass Ciera rouge198? à bon prix.  Mais un GM étant un GM, j'ai dû démarrer quelques fois avec un tournevis dans le carburateur (comme mon frère me l'avait bien expliqué) et surtout repartir assez souvent la radio intermittente avec une bonne claque sur le dessus du dashboard.  C'était quand même une voiture très propre, quoiqu'il aurait dû m'enseigner les rudiments de l'entretien régulier, mais le temps que ça aurait pris au prix qu'il me l'a vendue, ça n'aurait pas été très rentable pour lui, considérant mes aptitudes et et ma patience en mécanique.  Je l'ai eu jusqu'en mai 1991 pour faire la navette entre mon domicile de Sherbrooke, le travail à Bromont et la Polytechnique à Montréal.   En fait, mes derniers souvenirs de cette voiture sont un tête-à-queue sur la 10 avec Marc Hébert comme passager et un échange de baisers larmoyants avec Monia qui passait son dernier été à St-Louis, loin de son chum.  (J'espère juste que mes souvenirs ne s'inverseront pas en vieillissant.  Aussi il y a deux souvenirs distincts dans cette phrase, on n'était pas tous dans l'auto en même temps...)

J'invite les amis à commenter cette entrée pour nous présenter brièvement leur premier bolide.  Il me semble avoir connu des Chrysler LeBaron, des Volks Cabriolet et des Chevrolet Caprice.

Avoir une bagnole à Sherbrooke était bien sûr une bénédiction, malgré l'excellent système de transport en commun.  Pour Montréal, c'est une autre histoire.  Avoir une auto à Montréal, c'est souvent comme monter l'Everest en skateboard.  J'exagère comme une Pelletier, mais presque pas.  Le problème des grandes villes, c'est que le nombre de véhicules augmente plus vite qu'il est possible de planifier l'environnement urbain.  C'est encore plus vrai pour Montréal qui est une île et qui en plus vit présentement une revitalisation éternelle de ses infrastructures.  Vue de haut, la ville est orange.  Orange cône, orange pancarte de construction, orange signaleur, orange Crush.  Construction ou pas, probablement que pour des déplacements de moins de 15 km sur l'ile, un cycliste ou un piéton avec une carte de la STM va coiffer un automobiliste au fil d'arrivée la plupart du temps.  Surtout si l'automobiliste doit se stationner à l'arrivée.


Se stationner à Montréal relève non seulement de l'intelligence spatiale, car la majorité des stationnements se font en file dans la rue, mais aussi de l'intelligence analytique.  Il faut parfois utiliser l'algèbre linéaire, la théorie des ensembles et la lot des probabilités pour déterminer si une place de stationnement est permise et valable pour la période requise.  Ça c'est quand les pancartes n'ont pas pivoté au vent ou été tordues dans le mauvais sens par une déneigeuse.  La pancarte la plus répandue est celle qui ne permet le stationnement qu'aux résidents (identifiés par la vignette correspondant au quartier qui doit être bien visible dans une vitre de la voiture) selon certaines périodes de l'année et de la journée.  Il y a aussi plusieurs pancartes pour éviter que les voitures ne s'enracinent pour toujours sur le bord du trottoir. Elles empêchent donc le stationnement quelques heures pour des journées spécifiques, ce qui garantie que la voiture va libérer son espace au moins une fois la semaine.  Quelle galère.

Si tu te stationnes à un parcomètre, tu dois mémoriser le numéro de l'espace (L450 genre) et payer pour cet espace à la borne située un peu plus loin pour une période donnée.  Ces bornes acceptent les cartes de paiement.  Il y a évidemment un maximum d'utilisation consécutive ce qui oblige à revenir payer ou changer de place.  Si tu payes pour deux heures, que tu ne restes qu'une heure, tu ne récupères pas ton cash. Si 10 minutes après avoir libéré l'espace, un autre prend la place, il ne profitera pas de tes 50 minutes qui restent et il payera une autre fois pour la même heure.  Très payant pour la ville vs les anciennes machines mécaniques qu'on crinquait à la petite monnaie.

L'hiver, c'est pire que pire.  Il y a, en plus des interdictions régulières, le processus de déneigement qui installe des interdictions temporaires pour réussir à ramasser la neige.  Un remorqueur précède la déneigeuse et ramasse les voitures délinquantes au frais du propriétaire.  Mes pires souvenirs d'hiver quand on restait sur la rue Ste-Marguerite, ce sont les matins de tempête.  Nous n'avions pas de stationnement privé, alors je me stationnais dans la rue, déjà très étroite.  Je me levais déjà tôt pour me rendre à Bromont, mais les nuits de tempête, je devais me lever encore plus tôt, déneiger ma voiture qui était souvent totalement enchâssée dans la congère géante et compactée par la charrue.  Au retour du travail, évidemment, quelqu'un avait pris ma place pendant la journée en toute légalité, la rue étant à tout le monde.  Envoye, ressors ta pelle mon homme et fais toi un nouveau trou.

Pendant qu'on se cherche un stationnement (c'est souvent 80% du temps de déplacement du point A au point B), il y a quelques embuches à ne pas oublier.  Plusieurs de ceux qui ont compris que la voiture est un boulet se promènent à vélo été comme hiver.  En tant qu'automobiliste, il faut constamment s'assurer de ne pas faucher un cycliste, surtout dans les virages à droite, mais aussi à gauche.  La vérification de l'angle mort est pertinent plus que jamais.  En viraillant pour trouver une place, l'oeil chercheur oublie souvent de regarder les sens unique.  Prudence.  Aussi, sur l'ile, le virage à droite sur feu rouge est interdit (à moins d'avoir la flèche).  Une fois stationnée (maudite chanceuse, t'en as trouvé un), il faut ouvrir sa porte seulement après avoir regardé derrière pour éviter un emportièrage, c'est à dire, de pogner un cycliste en mouvement avec sa portière ouverte: over the bar, bonsoir il est parti.  Au mieux, il ne se casse que les bras, au pire, il rejoint la pomme qui est tombée de l'arbre à la lettre C.  On les aime les cyclistes.  Prudence.  Il n'est pas rare après avoir enfin trouvé la place, qu'on découvre qu'il y a une borne-fontaine (interdit), qu'on est trop prêt du coin de rue (interdit).  Mais plus souvent qu'autrement, on se gratte la tête plusieurs minutes en essayant de résoudre l'équation à 3 variables des cinq pancartes qui se contredisent.

Sinon, Montréal étant une île, les ponts sont des points d'étranglement majeurs.  Pour quelqu'un qui reste sur l'île, c'est moins pire que pour un habitant de la banlieue qui doit entrer et sortir quotidiennement, mais inévitablement la congestion déborde souvent sur les artères principales et finit par emmerder tout le monde.  La vague de cônes oranges affecte tous les ponts à divers degrés, surtout le Pont Champlain qui est au soins intensifs en attendant son remplacement.  C'est surtout aux heures de pointe qu'il faut éviter les ponts.  L'heure de pointe, c'est l'heure où la plupart des gens circulent pour se rendre et revenir du travail.  C'est donc du lundi au vendredi de 6:30 à 9:00 et de 16:00 à 18:00.  Ces heures tendent à s'étendre avec les années.

J'espère que tu es suffisamment découragée de t'acheter une voiture pendant que tu es à Montréal, mais comme on ne sait jamais, voici une représentation simple des grandes voies à retenir.  Les quatre accès à l'ile sont d'Ouest en Est:

  • Le Pont Mercier:  Accessible par l'autoroute 30, il mène directement à Lasalle.  C'est le chemin le plus intelligent pour connecter Cowansville et Lasalle.
  • Le Pont Champlain:  Ce pont, c'est l'autoroute 10 qui traverse le Fleuve.  Arrivé l'autre côté, tu as le choix de continuer sur la 10 en prenant Bonaventure à droite.  C'est le meilleur chemin entre Cowansville et le Centre-ville/Centre Bell.
  • Le Pont Victoria: Parfois fermé dans une direction.  Un bon dépanneur qu'on prend par la 132 (en entrée sur l'ile), mais difficile à planifier.
  • Le Pont Jacques-Cartier: Accessible par la 132 qui se prend de la 10 juste avant de monter sur le Pont Champlain.  Un bon choix si tu dois relier Cowansville à la portion est du Centre-ville (genre aller au Stade Olympique) ou si le Pont Champlain est jammé b'en dur.
  • Le Tunnel L-H Lafontaine: Ce tunnel est l'entrée à Montréal pour ceux qui arrivent de l'est sur la 20 (Québec genre).  Il débouche sur l'autoroute 25 Nord qui est un bon choix pour se rendre à Laval ou la rive-nord.

Sur l'île, les voies rapides encadrent le centre-ville:

  • L'autoroute 40 (Métropolitaine) traverse l'ile d'ouest en est.  Elle a un échangeur majeur avec l'Autoroute 15 (Décarie), l'échangeur Décarie.  Plus loin dans l'Est, la 40 croise la 25 à ce qu'on appelle l'Échangeur Anjou.
  • L'autoroute 15 (Décarie) est nord-sud et relie le Pont Champlain à la 40 (Métropolitaine) et dessert l'ouest.  La 20 croise aussi la 15 plus au sud dans ce qu'on appelle l'Échangeur Turcot.  La 15 mène aussi à Laval et à la rive-nord.
  • L'autoroute 20 (Transcanadienne) qui arrive de Québec, bifurque sur la rive-sud avant le Tunnel et se confond à la 132 jusqu'au Pont Champlain et part vers Toronto à L'Échangeur Turcot.  La 20 passe donc tout près de Lasalle sur sa route vers l'Ontario.
  • L'autoroute 720 (Ville-Marie) traverse le sud du Centre-Ville entre l'échangeur Turcot et le pont Jacques-Cartier. Elle se confond avec la rue Notre-Dame vers l'est et la 20 vers l'ouest.


Tu auras observé (ou peut-être pas):

  • Que le Pont Champlain porte à la fois la 10, la 15 et la 20 sur la même chaussée.
  • Que les numéros de route pairs sont parallèles au fleuve (est-ouest) et que les impairs sont perpendiculaires (nord-sud)
  • Que l'Échangeur Turcot et l'Échangeur Décarie sont des points névralgiques cruciaux pour Montréal.
  • Que l'Échangeur Turcot est une horreur indescriptible.  C'est à croire que tous les bons ingénieurs civils étaient partis rejoindre Jean-Louis dans le grand nord pour construire les barrages hydroélectriques quand ils ont lancé ce projet routier.  C'est tellement mal fait que la circulation est en sens inverse (comme en Angleterre) sur la portion de la 20 qui le relie à Lasalle.



J'ai un peu exagéré, mais presque pas.  Avec moins de voitures et une meilleure offre de transports en commun, la ville se porterait mieux.  Je n'ai aucune crainte que ça s'améliore avec le temps, car j'ai pleinement confiance aux décideurs de demain qu'on croise à la bibliothèque du collège et les arénas de la province.

C'est E qui vient après DE comme dans Euhhh, kessé que je voulais dire donc ?


4 commentaires:

  1. En l'honneur du film 1987, je parlerai de mon Chrysler Labaron 1987, mon premier char. J'ai rapidement appris à connaître les pièces d'une auto à force de la faire réparer! En plus, à chaque fois qu'elle brisait, c'était une histoire à raconter. En voici qq unes. un câble de la transmission se brise et je fais québec-princeville avec mes 2 premières vitesses. Je perce la panne à l'huile alors que j'étais dans les Laurentides; st-sauveur-princeville dur une flautre. Toutes clés pouvaient ouvrir la porte du conducteur et donc, il arrivait que des gars qui arrivaient trop tard à la residence (portes barrées à 23h00), allait dormir dans mon auto . Les lumières se refermaient avec une petite portière. un jour une portière a arrêté de fermer; l'auto avait l'air de faire un clin d'oeil. Malgré tout cela, c'est l'auto qui, durant la grève des autobus en 1994, ta mère semblait beaucoup aimée mon bolide. Je m'arrête là mais j'en aurais encore des pages à raconter.

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    1. Je n'ai pas eu la moitié du quart de ces aventures avec mon Oldsmobile...

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  2. hahaha en effet ça à l'air assez compliqué... presque toutes les filles avec auto dans mon équipe ont déjà un ticket à leur actif; il y en a même une avec 3 (un tour du chapeau!). J'aime mieux faire mon épicerie à pied et marché 1,5 km avec un sac de cannes sur le dos ou payer 3$ pour aller manger des bagels..un jour prochain
    Rachel

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  3. Je me sais pas se qu'ont eu comme tickets tes amies, mais on m'a avisé et j'ai pu le constater, que dans Outremont il y a une police au 10min qui passe pour valider que tes roues sont bien tournées vers le trottoir! Il y a aussi la distance de l'auto vs le trottoir qui est regardé :/ alors si vous allez étudier chez une amie de ce coin vous serez avisées.

    Mylène

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