26 août 2014

C pour Culture


Culture.  Te parler de culture physique serait d'une grande impertinence dans ton état de hockeyeuse aguerrie.  Te parler d'horticulture le serait tout autant en mon état d'inadapté du râteau et de la pelle.  Je propose plutôt de jaser de la culture de l'esprit.

S'il y a un grand avantage d'habiter la grande-ville, c'est bien d'être immergé dans une marmite culturelle bouillonnante.  C'est de loin ce qui me manque le plus 20 ans après mon exode vers Bromont.  Quand Monia et moi avons quitté la rue Ste-Marguerite pour venir habiter su'l'bord d'la track à Bromont, on avait la frousse de mourir d'ennui passé 16:30 et j'appréhendais les weekends dans le champ.  Il m'était difficile de laisser derrière moi la possibilité de voir un film, une exposition, une performance différente à chaque soir de l'année.  Cesser de voyager plus de deux heures par jour pour l'aller-retour au travail et l'attrait de la montagne ont vite occulté la perte de l'effervescence culturelle de la ville.  Aujourd'hui, un peu plus vieux et plus sensibles au décibels, on s'accommode très bien de la vie en campagne semi-urbaine, mais revenir à ton âge, je choisirais volontiers une adresse dans le 514 pour pouvoir profiter quotidiennement du feu roulant de culture qui anime la ville.

La culture, la culture, c'est bien beau, mais de kessé ?  Encore ici, bien du monde pourront critiquer ma définition, mais je dirais que la culture, c'est la nourriture de l'esprit.  Ça inclut tout ce qu'on apprend, mais surtout toute œuvre que l'humain crée et exprime qui a la faculté de stimuler notre cerveau qui peut le remettre en circulation en l'interprétant de divers façons.  Au centre de la culture, il y a l'art sous toutes ses formes: le dessin, la peinture, la musique, le cinéma, la littérature, le théâtre, l'humour, la mode vestimentaire, la sculpture, la gastronomie, l'architecture, la photographie, la danse, le cirque et même le sport. 

Architecture sur le Plateau Mont-Royal
On a tout ça en campagne quand on se déplace le moindrement, mais la ville, par sa concentration de civilisation est l'espace par excellence pour s'y baigner allègrement.  En fait, la ville offre plus de culture, parce qu'il y a plus de créateurs, mais surtout parce qu'il y a un plus grand public qui stimule plus de création.  Aussi, plus la ville est cosmopolite, plus l'offre culturelle est riche.  Les différentes ethnies apportent certes leur lot de créations typiques à leur civilisation, mais en plus, leur mode de vie ajoute parfois une nouvelle couleur qui constitue en soi une partie du spectacle.

Sans culture, la vie serait absolument insupportable. Quand nos décideurs mettent la hache dans la culture, ils sabrent dans le bonheur et nous ramènent à notre fonction biologique de base qui est vraiment aussi drabe que la pomme qui tombe de l'arbre fertilisant la terre pour la suite des choses (ça, c'est de l'agriCulture).

Montréal est un espace de culture très actif.  La langue étant un des récipients primordiaux de création, l'amalgame anglais-français (autrefois une collision) crée de brillantes étincelles particulièrement en musique. Tu vas me dire, oui mais ils finissent tous par chanter en anglais pour avoir du succès (Arcade Fire, Simple Plan).  Pas grave, dans l'Antiquité, ils auraient chanté en grec.  Ce qui est fascinant, c'est l'œuvre et l'influence importante de la dualité linguistique quand Régine Chassagne et Win Butler harmonisent leur voix.  C'est Montréal qui chante.  La proximité des États-Unis (le centre actuel du monde quoi qu'on en dise) est aussi un facteur qui influence Montréal tout autant que son fait français en Amérique.  Montréal, la grande résistante à l'envahisseur.  Toutefois, les perceptions varient vues de l'extérieur: les Américains trouvent que Montréal c'est le Paris nord-américain et les Européens trouvent que Montréal est le New York canadien.  C'est le côté insaisissable de la culture.  Au final, disons que Montréal est très cosmopolite et a créé le moins de ghettos possibles dans l'intégration des immigrants.  Ils s'agglutinent naturellement dans certains quartiers, mais c'est beaucoup moins pire que Paris.  Ça enrichit le mélange et on se retrouve avec des Rachid Badouri et des JoSH dans notre paysage.


Oui, mais comment profiter de toute cette richesse à partir de ta résidence étudiante ?  Bon, je concède que le gros des festivals se déroulent pendant la saison estivale: Francofolies, Juste pour Rire, Jazz, Nuits d'Afrique, Osheaga, Divers/Cité et j'en passe. J'imagine que tu reviendras en région pendant la saison d'été (dis oui, dis oui !).  Tout de même, l'hiver pendant que tu y es, il y a l'IglooFest (discothèque en plein air) et Montréal en Lumière (full d'activités pour tous incluant une nuit blanche avec full gratuités) qui essayent de sortir la ville de sa torpeur glaciale.  Mais ce ne sont pas vraiment des activités idéales pour des étudiantes à temps plein en pleine saison de hockey, n'est-ce pas ?  Ça ne veut pas dire que tu ne peux pas profiter de la vie culturelle pour autant.

Habitat 67
Juste se promener dans la cité est une expérience culturelle en soi.  D'abord, les gens qu'on croise dans la rue reflètent souvent les codes culturels de leurs origines: turbans, hijabs, robes colorées, kippas, dreads, manteaux d'hiver à 30 degrés, etc.  L'architecture est une exposition gratuite en plein air.  En marge des gratte-ciels, il faut remarquer (entre autres) les escaliers et les belles corniches dans les rues étroites du quartier Plateau Mont-Royal (entre Sherbrooke et Jean-Talon, entre du Parc et Papineau), le bizarroïde Habitat 67 (près du Pont de la Concorde - en s'en allant vers l'Ile Ste-Hélène) et les fabuleux domaines des riches anglais au pied du Mont-Royal (nord de Sherbrooke entre Guy et University) avec tout le campus de l'Université McGill.  Il y a bien plus, mais je m'en garde pour plus tard.  En opposition à cette beauté convenue, il y a les graffitis.  Une drôle de forme d'art, souvent vandale, parfois la vermine du mobilier urbain, mais parfois aussi l'expression colorée et très originale d'artistes marginaux.  Je suis toujours impressionné quand je regarde Infoman à la télé, car le réalisateur trouve toujours des graffitis magnifiques comme toile de fond pour Jean-René.  C'est un bel hommage à ces artistes silencieux.
Ravenscrag

Pour tout le reste, la musique, l'art visuel, le cinéma et les spectacles, ton adversaire est le temps.  Après tes cours, ton étude, tes pratiques, ton entraînement, tes parties de hockey et le social, il ne restera probablement que des miettes de minutes.  Le truc, c'est d'allier social et culture et par exemple, amener la gang voir un truc "culturel" qu'ils n'ont jamais vu.  Excellente activité de "team bonding". Ton deuxième adversaire est l'argent.  C'est bien beau la culture, mais un artiste, même si ça ne vit pas riche, il faut bien que ça gagne sa vie, sans compter le producteur, le distributeur, le promoteur et le vendeur de billets.  T'as eu beau travailler à la planche (la pognes-tu ?) tout l'été, ton budget n'est pas infini.  J'omets donc de parler de la Maison Symphonique, de la Place des Arts et des dizaines de musées et de salles de spectacles. Quand même, ton alliée ici, c'est ta carte étudiante qui va probablement te donner des rabais à peu près partout où tu vas passer.  Il y a aussi la carte Accès-Montréal (8$) qui donne un autre rabais (parfois additionné à la carte étudiante), mais tant que tu ne sais pas où tu auras le temps d'aller, ça ne vaut peut être pas la peine.  Reste à l'affût, il y a toujours des gratuités et des performances publiques surtout dans le Quartier des Spectacles.  Par dessus tout, observe et écoute, il y a de la culture partout.  C'est dans les yeux et les oreilles de l'observatrice que ça se passe.



J'ai gardé la bibliothèque pour la fin.  La Grande Bibliothèque (coin Maisonneuve, Berri) est une construction récente qui vaut le détour.  Les boiseries à l'intérieur invitent à la contemplation des rayons de livres et constitue un espace suffisamment paisible pour lire et étudier.  Il y a sûrement une bibli à André-Laurendeau et à ta place je l'étudierais en profondeur.  Y a-t-il de bonnes tables de travail, y a-t-il des recoins super tranquilles, y a-t-il de petites salles fermées pour les travaux d'équipes, y a-t-il un rayon d'ouvrages de références, y a-t-il le wifi ?  Je trouve qu'avec ces millions de mots organisés en rayons, c'est l'endroit par excellence pour étudier et faire ses travaux.  J'ai dû passer des centaines d'heures à la bibliothèque pendant mes études, le plus souvent penché sur un cahier sur la table de travail la plus éloignée de la porte à faire des problèmes de calcul différentiel, à lire un chapitre pour rattraper ou préparer le prochain cours ou à rédiger un texte à remettre.  Parfois, j'allais me perdre dans les rangées pour feuilleter des livres sans rapport à mes cours (mais c'était bien avant Internet).  L'atmosphère, l'odeur des livres, la tranquillité mêlée aux murmures d'étudiants affairés, la proximité des aires d'apprentissage, je ne sais quoi, mais j'ai toujours adopté la bibliothèque pour travailler.

La Grande Bibliothèque

Ça nous fait un assez long C finalement...  J'ai déjà hâte au DD pour Défense ?  D-Fence !  D-Fence !  D-Fence !


6 commentaires:

  1. J'ai déjà agrandis ma culture en écoutant les noms et prénoms des élèves dans mes classes.. ouff y'a pas juste des québécois :) le quartier des spectacles ça a l'air cool! J'ai hâte d'avoir de la place pour des shows dans mon budget!!! Et en passant, tu as oublié de parler du centre Bell...
    Rachel

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    1. Tu penses avoir un budget pour le Centre Bell ? :-)

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    2. haha ouain... :( je vais garder mon argent pour m'acheter des bagels et je vais aller voir les canadiens dans les autres chambres!
      Rachel

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  2. Salut Rachel,

    Tu ne me connais pas mais ton oncle t'a taggué sur mes photos de graffitis sur FB qui sont malheureusement à Longueuil juste en sortant du pont Jacques-Cartier sous Tashereault. Bref, je voulais te dire qu'à défaut de visiter les musées payants, il y a plein de belles galléries d'arts dans le vieux port que tu peux découvrir gratuitement. Il s'agit d'oser ouvrir la porte et tu verras il y en a vraiment pour tous les goûts!

    Mylène

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  3. J'en rajoute sur la bibliothèque nationale, que je visite assidûment aux 3 semaines depuis longtemps. ..! À chaque fois c'est immanquable, je dois faire des sacrifices carje me ramasse toujours plus de 15 documents (la limite !) . Mais ce que je voulais te demander, c'est que le 4e étage est très intéressant aussi! !! Des cd de musique à profusion, des films, récents ou vieux selon tes envies, des séries télé, américaines ou québécoises de plusieurs époques....des documentaires, bref....le bonheur total! Et en plus tout ça en location gratuite!!!!!! C'EST TI PAS BIEUTIFULLLLL!!!! J'oubliais qu'on peut renouveler par internet!!! BONNE LECTURE!

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