05 mars 2015

Y pour YUL


Y pour YUL.  Tu pensais que j'avais touché le fond avec XXX, mais contrairement à ce que tu crois, je n'ai pas choisi le prénom de l'acteur Yul Brynner ou les trois premières lettres de mon mot de passe, mais bien un code qui a une grande signification pour la ville. C'est le code de l'aéroport Montréal-Trudeau (Dorval). Tous les aéroports du monde ont un code à trois lettres assignées par l'IATA et à Montréal (Dorval), c'est YUL.

Si les grands penseurs avaient vu juste il y a 46 ans, on parlerait plutôt de YMX (Mirabel), mais l'histoire en a décidé autrement. En 1969, le gouvernement fédéral mettait la main sur 100 000 acres de terre, conduisant à l'expropriation de milliers de personnes et de terres agricoles dans le but de développer ce qui était pour devenir l'aéroport principal de Montréal. Le gouvernement de Pierre-Elliott Trudeau promettait alors un achalandage monstre pour l'avenir, prévoyant des dizaines de millions de passagers. Il fallait donc beaucoup de terrain pour une expansion à la hauteur de ces grandes ambitions. Si le plan avait été accompli au complet, YMX serait devenu le plus grand aéroport du monde (pour l'époque). Des municipalités comme Ste-Scholastique et St-Janvier en sont disparues de la carte et des milliers de résidents n'ont jamais digéré perdre leur patelin et leur propriété. On aurait probablement oublié l'affront si tout ça s'était vraiment réalisé, mais le projet n'a jamais dépassé la phase 1 et Dorval est demeuré l'aéroport no 1 jusqu'à aujourd'hui. Le terminal aérogare de Mirabel a même récemment été détruit et l'aéroport ne sert maintenant que pour les marchandises et les vols d'essai. Quel fiasco et surtout quel affront aux expropriés de voir qu'on a en plus honoré Trudeau en rebaptisant l'aéroport de Dorval à son nom...


D'aucuns diront que c'est facile à dire 46 ans après et que la vision aurait peut-être pu se réaliser. En effet, en 1969, Montréal était encore la métropole du Canada, on venait de s'ouvrir sur le monde avec Expo 67 et la ville avait obtenu la tenue des Jeux Olympiques de 76. Cependant, la crise d'octobre 70, la montée du nationalisme et l'élection du Parti Québécois en 1976 a graduellement favorisé (pour les mauvaises raisons) Toronto comme place d'affaires et nombre de sièges sociaux se sont déplacés autour du domicile des Maple Leafs. Montréal s'est révélé dans les années 80 une grande métropole culturelle, mais T.O est depuis la capitale économique du pays. Et qui dit capitale économique dit plaque tournante du trafic aérien. C'est ainsi que la plupart des vols internationaux sans escale se font presque tous de Toronto au détriment de Dorval qui fait tout de même transiter plus de 14 millions de passagers chaque année. Au final, je pense que Mirabel était tout de même un mauvais choix, loin du centre-ville, alors qu'on avait déjà un site comme Dorval directement sur l'île.

Tout ça pour dire que si un jour tu te retrouves outre-mer ou outre-frontière avec ta poche de hockey ou ton pack-sac, c'est le YUL sur ton étiquette de bagage qui pointera tes valises dans notre direction pour le chemin du retour, en espérant que c'est écrit la même chose sur ton billet passager, car on voudrait que tu reviennes en même temps que tes fringues. On t'aime bien mais de là à faire ton lavage avant ton arrivée, y a toujours b'en des limites.

Malgré que c'est toujours agréable de voir de nouveaux pays et de nouvelles cultures, à chaque fois que je voyage pour une période la moindrement longue, c'est toujours avec une petite émotion que je contemple le YUL qui identifie la destination finale de ma valise quand je m'enregistre sur les vols du retour à la maison. C'est beau voyager, mais ça fait aussi doublement apprécier le confort de notre chez-nous et la chaleur de la famille et des amis, qui dans notre cas gravitent pour la plupart autour de YUL.


Je dois bien avoir une cinquantaine de codes à trois lettres dans notre collection de souvenirs. Bien que ça peut être vraiment désagréable de se faire "barouetter" comme du bétail à l'embarquement, c'est toujours excitant d'atterrir dans une nouvelle destination. L'arrivée dans le noir à JRO est mémorable et un peu terrifiant. Le souvenir du vent qui secoue l'appareil de 19 passagers à LPZ mouille encore mes paumes. Chaque passage à CDG nous rappelle l'endroit où on a appris la naissance de Julien.

Je souhaite ardemment que tu puisses un jour poser tes valises à BUD pour son charme suranné, à BCN pour son insatiable vie nocturne, à EZE pour son exubérance désinvolte, à SGN qui se croque comme un fruit tropical ou à PRG pour son seul Pont Charles et peut-être ses équipes de la KHL. Je te souhaite sincèrement que tu puisses un jour descendre à LHR ou CDG pour autre chose qu'une triste escale et que tu puisses découvrir ces cités éternelles mieux que nous. Monia et moi n'avons encore jamais pris le temps d'explorer ces centres historiques de l'univers. (Tu peux t'imaginer combien je me délecte de jouer à te faire deviner et chercher ce qui se cache derrière tous ces codes).

Avant que tu entreprennes une carrière de globe-trotteuse, je pense que dans un futur proche, il n'est pas impossible que tu trouves JFK, BOS, YYZ ou même LAX pour accompagner le YUL sur ton équipement. Un tournoi à LAX, c'est peut-être un peu "long shot", mais avec Gary Bettman qui insiste pour avoir du hockey à LAS avant YQB, je ne verrais pas d'un mauvais oeil qu'une équipe féminine de chez-nous aille donner des leçons de hockey à des bimbos californiennes. Il est permis de fabuler. Et tant qu'à rêver, tu peux même oser espérer coller une étiquette à bagages YUL-YNY en 2018 sur ta poche de hockey. Bon, il y aura sûrement une bonne tapisserie d'étiquettes pour faire la route entre YUL et YNY, mais c'est la destination qui compte (qui compte, la pognes-tu ?).  Ce qui me fait peur avec cette éventualité, c'est que Léo m'a déjà demandé si j'allais payer son billet le cas échéant. L'histoire ne dit pas si c'est le billet d'avion ou le billet pour la patinoire...  Mais j'imagine bien que si c'est pour arriver, tu ne seras pas la seule dans la famille à pouvoir dire que tu as atterri à l'aéroport de Yangyang...



2 commentaires:

  1. Premièrement, celui qui a inventé les initiales des aéroports, je pense qu'il avait passé une longue nuit avec le N et/ou qu'il était bien ami avec le P. BOS = Boston ok!, PRG = Prague ok!, JFK = New York, mais aussi John F. Kennedy, donc ok!, LHR = Londres, ben au moins y'a des lettres, CDG = Paris?, EZE = Buenos Aires?, YUL = Montréal??? Pour ce qui est de LPZ, Google ne s'accorde pas, j'imagine que c'est pour ça que le vol a été si mouvementé (tsé quand on sais pas trop où on va..)
    Je pense que je n'ai jamais pris autant de temps à lire un texte... Mais, j'avoue que c'était un bon petit jeu de devinette, plus intéressant que les maths! Et, si tu veux rire un peu de moi, j'ai failli chercher «aéroport KHL»...
    En passant, j'aime bien tes idées de destinations, mais je te promet que le jour où je vais reprendre l'avion, je vais revenir avec mon linge.. Mais, ça ne me dérange pas de me faire gâter pour qu'il redevienne propre! Sauf, que pour ça, je n'ai même pas besoin de prendre l'avion...

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  2. Haha...je te comprends mais pour avoir travaillé à Mirabel YMX, je peux te dire que certain sont bizarres comme CDG mais ils ont quand même une explication! Comme Paris= CharlesDeGaulle!!

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