Vieux. Un qualificatif qui pourrait être tout indiqué pour parler de moi, mais en tout respect pour le thème urbain de ce blogue épistolaire, rassure-toi, je vais plutôt utiliser ce mot pour faire une brève présentation du Vieux-Montréal.
Vieux, c'est un de ces adjectifs qui n'auraient pas fait une longue carrière dans le langage mathématique. Sans contexte, le mot exprime une vague notion de passé et il y a toujours un meilleur mot pour vraiment préciser ce qu'on veut dire. Une vieille voiture, ça peut être un bazou (15 ans) ou une belle d'autrefois (100 ans). Quelqu'un de vieux, ça peut être un vieux schnock (46 ans) ou un vieux sage (75 ans). Plus jeune que moi, Sergei Gonchar est un vétéran à 40 ans sur la patinoire du Centre Bell. Une vieille ville, ça peut avoir à peine 350 ans comme le Vieux-Montréal ou ça peut en avoir 4000 comme le Vieux-Jérusalem. Inévitablement, le temps fait que ce qui est neuf aujourd'hui deviendra vieux demain et si aujourd'hui, on considère que des bâtiments de 100 ou 150 ans sont "vieux", et bien dans 500 ans, probablement que ta jeune résidence et ton CEGEP auront été intégré au Vieux-Montréal tout comme le Stade Olympique (s'il tient encore debout). Où sera donc le Montréal contemporain du futur si tout est appelé à vieillir ?
On pourrait ainsi qualifier de Vieux-Montréal tout ce qui est déjà bâti. L'échangeur Turcot et le Pont Champlain, pour n'en nommer que deux, peuvent très bien s'approprier le qualificatif malgré leur jeune 50 ans. Pour l'instant, pour faire simple, on dira que le Vieux, c'est le quartier qui encercle le Vieux-Port (moins récent que l'actuel en activité un peu plus à l'est) délimité au nord par l'avenue Viger entre l'autoroute Bonaventure et la Brasserie Molson. Bien sûr, ce quadrilatère loge certains édifices plus récents que certains du campus de McGill, mais c'est le propre du vieux de vouloir se rajeunir, parles-en à
Renée Zellweger...
On va faire ça dans l'ordre et parcourir les beautés du Vieux dans un itinéraire que tu pourras refaire un de ces jours de flânage (F). Bon, là, il ne faut pas que tu t'attendes au charme vieille Europe du Vieux-Québec. Contrairement à la jolie capitale encore fortifiée qui berce fonctionnaires et parlementaires, la vigueur industrielle et commerciale de la métropole de la province a un peu bousculé le patrimoine architectural. N'empêche, on peut encore y trouver des pavés, de la vieille pierre et quelques coins très charmants.
Prochaine station: Square Victoria-OACI. En sortant sur la rue Viger, tu peux remarquer une première curiosité: C'est la seule station de métro à Montréal dont l'escalier sort directement sur le trottoir comme à New York ou Paris. En fait, la sortie de cette station (oeuvre du Français
Hector Grimard) est calquée sur le style parisien vers 1900. Tu vas remarquer que l'environnement immédiat est plus propice aux affaires qu'aux vieilleries, mais nous y viendrons assez vite. Si tu vas vers l'est sur Viger, tu ne pourras pas manquer la vitrine multicolore du Palais des Congrès (le nom de l'oeuvre est
Translucide) qui donne sur la Place
Jean-Paul Riopelle. Cet artiste est le créateur de la sculpture en fontaine au milieu du parc (
La Joute). Si c'est un soir d'été, il y a un cercle de feu autour de la sculpture (wow!). Si tu viens de gagner la loto, je vais accepter ton invitation au restaurant
Toqué! situé presque en face de la fontaine (re-wow!). Si tu t'inquiètes pour tes vieux jours, tu peux traverser le parc et tourner à droite sur St-Antoine et tu pourras te rassurer en voyant le faste de l'édifice de la
Caisse de Dépôt et de Placement du Québec. C'est la caisse commune d'où sont tirées nos rentes de base à la retraite. Mais comme on cherche le Vieux, pas les vieux, repartons plutôt vers l'Est sur St-Antoine.
Déjà, tu dois te sentir un peu plus dans le Vieux. À ta gauche, la facade sud du
Palais des Congrès est en pierre pour se marier au reste du quartier. À l'horizon, tu aperçois les bureaux du journal
La Presse, édifice construit en 1899. Au coin de la rue St-Urbain, tu tournes à droite sur la Côte de la
Place d'Armes et deux coins de rue plus loin, tu dis wow! parce que tu arrives évidemment à la place annoncée par le nom de la rue. Il y a plus de 50 ans, c'était ici que les tramways convergeaient. Il y a plus de 300 ans, il y avait ici la première église de la ville. Il y a 3 ans, la ville a restauré la place et refait une beauté à Paul qui trône fièrement au centre de la place. Tu auras reconnu
Paul de Chomedey de Maisonneuve. Il y a au nord l'édifice de la
Banque de Montréal (1847) qui est calqué sur le
Panthéon de Rome (IIe siècle) et au sud l'incontournable
Basilique Notre-Dame (1824). Entre, la visite vaut la peine. C'est souvent ici qu'on fait les funérailles des grands, comme Maurice Richard en 2000.
Époustouflée ? OK, on repart sur Notre-Dame vers l'ouest et on tourne à gauche au prochain coin de rue (sur St-François Xavier). J'aime bien cette rue étroite. Au milieu de la pente, un de mes bâtiments préférés, le
Théâtre Centaur et ses colonnes. En bas de la rue, on aboutit à la
Place d'Youville où on trouve le
musée Pointe-à-Callière. De là, on remonte la rue Place Royale (on se croirait à Québec) en n'oubliant pas de faire une photo et on tourne à droite sur la rue St-Paul. On peut se rincer l'oeil dans quelques galeries d'art ou même faire une pause dans un resto, il faut juste faire attention de ne pas trébucher sur les pavés, être prudent car on est à l'envers dans un sens unique qui à mon humble avis devrait être piétonnier et finalement, il faut contourner les hordes de touristes qui achètent de l'art inuit (made in China) dans les boutiques de souvenirs assez désolantes. C'est pourquoi on tourne à gauche sur la rue St-Vincent pour remonter sur la rue Notre-Dame.
En tournant à droite sur la rue Notre-Dame, on découvre l'hôtel de ville de Montréal au prochain coin de rue et on peut admirer le plus vieux monument de Montréal (1809), la
colonne de Nelson. C'est en fait la plus vieille stèle dédiée à cet amiral britannique qui est mort en héros lors de la
bataille de Trafalgar qui a freiné les ardeurs de Napoléon qui ambitionnait de conquérir la Grande-Bretagne. N'eut été de cette victoire, le Canada serait peut-être redevenu une possession française, qui sait ?
Si on descend la pente qui s'offre à nous, on s'engage dans la
Place Jacques-Cartier remplie d'amuseurs en été. On peut se laisser voguer jusqu'au Vieux-Port et le fleuve. Sur les quais, on trouve le
Centre des Sciences, le cinéma Imax, mais surtout une jolie promenade multi-usages (vélo, marche, patins). Si on se dirige vers l'est, on aboutit au Bassin Bonsecours bordé par le Quai de l'Horloge, en face du Marché Bonsecours (1847). Le
Marché est le quartier général des métiers d'art au Québec avec plusieurs boutiques de créateurs d'ici. En hiver, le bassin se transforme en patinoire. C'est un excellent endroit pour un premier rendez-vous galant, histoire de mieux connaître l'homme qui se cache sous l'équipement de hockey. Le galant prétendant pourrait même payer le repas
Chez l'Épicier situé en face du marché, sur Saint-Paul. J'dis ça d'même... :-)
Ça fait déjà toute une trotte, alors on va remonter la rue Bonsecours pour photographier la Chapelle Notre-Dame de Bonsecours. Ici tout est de bon secours, même l'Accueil Bonneau, situé tout près sur la rue de la Commune. On tourne à gauche sur la rue Champ-de-Mars et sur la rue Gosford, le M bleu de la ligne orange nous accueille pour qu'on puisse retourner à la maison après un peu plus de 3 km sur nos espadrilles.
J'ai bien aimé tricoté le V autour de cette marche là, mais la fin de l'alphabet me donne du fil à retordre pour la suite. W, X, Y, Z. J'ignore encore le prochain mot, mais il vaudra sûrement plusieurs points au Scrabble...
Tout qu'un bel itinéraire ça! J'espère avoir le temps de flâner dans ce coin-là..
RépondreEffacerPour le Toqué, il va falloir attendre un peu, j'ai même pas encore le droit de gagner a la loterie, déjà que les chances sont toujours faibles dans ces tirages!