29 décembre 2014

V pour Vieux


Vieux.  Un qualificatif qui pourrait être tout indiqué pour parler de moi, mais en tout respect pour le thème urbain de ce blogue épistolaire, rassure-toi, je vais plutôt utiliser ce mot pour faire une brève présentation du Vieux-Montréal.

Vieux, c'est un de ces adjectifs qui n'auraient pas fait une longue carrière dans le langage mathématique.  Sans contexte, le mot exprime une vague notion de passé et il y a toujours un meilleur mot pour vraiment préciser ce qu'on veut dire. Une vieille voiture, ça peut être un bazou (15 ans) ou une belle d'autrefois (100 ans). Quelqu'un de vieux, ça peut être un vieux schnock (46 ans) ou un vieux sage (75 ans). Plus jeune que moi, Sergei Gonchar est un vétéran à 40 ans sur la patinoire du Centre Bell. Une vieille ville, ça peut avoir à peine 350 ans comme le Vieux-Montréal ou ça peut en avoir 4000 comme le Vieux-Jérusalem. Inévitablement, le temps fait que ce qui est neuf aujourd'hui deviendra vieux demain et si aujourd'hui, on considère que des bâtiments de 100 ou 150 ans sont "vieux", et bien dans 500 ans, probablement que ta jeune résidence et ton CEGEP auront été intégré au Vieux-Montréal tout comme le Stade Olympique (s'il tient encore debout). Où sera donc le Montréal contemporain du futur si tout est appelé à vieillir ?

On pourrait ainsi qualifier de Vieux-Montréal tout ce qui est déjà bâti. L'échangeur Turcot et le Pont Champlain, pour n'en nommer que deux, peuvent très bien s'approprier le qualificatif malgré leur jeune 50 ans. Pour l'instant, pour faire simple, on dira que le Vieux, c'est le quartier qui encercle le Vieux-Port (moins récent que l'actuel en activité un peu plus à l'est) délimité au nord par l'avenue Viger entre l'autoroute Bonaventure et la Brasserie Molson. Bien sûr, ce quadrilatère loge certains édifices plus récents que certains du campus de McGill, mais c'est le propre du vieux de vouloir se rajeunir, parles-en à Renée Zellweger...

On va faire ça dans l'ordre et parcourir les beautés du Vieux dans un itinéraire que tu pourras refaire un de ces jours de flânage (F).  Bon, là, il ne faut pas que tu t'attendes au charme vieille Europe du Vieux-Québec. Contrairement à la jolie capitale encore fortifiée qui berce fonctionnaires et parlementaires, la vigueur industrielle et commerciale de la métropole de la province a un peu bousculé le patrimoine architectural. N'empêche, on peut encore y trouver des pavés, de la vieille pierre et quelques coins très charmants.

Prochaine station: Square Victoria-OACI. En sortant sur la rue Viger, tu peux remarquer une première curiosité: C'est la seule station de métro à Montréal dont l'escalier sort directement sur le trottoir comme à New York ou Paris.  En fait, la sortie de cette station (oeuvre du Français Hector Grimard) est calquée sur le style parisien vers 1900.  Tu vas remarquer que l'environnement immédiat est plus propice aux affaires qu'aux vieilleries, mais nous y viendrons assez vite.  Si tu vas vers l'est sur Viger, tu ne pourras pas manquer la vitrine multicolore du Palais des Congrès (le nom de l'oeuvre est Translucide) qui donne sur la Place Jean-Paul Riopelle. Cet artiste est le créateur de la sculpture en fontaine au milieu du parc (La Joute).  Si c'est un soir d'été, il y a un cercle de feu autour de la sculpture (wow!). Si tu viens de gagner la loto, je vais accepter ton invitation au restaurant Toqué! situé presque en face de la fontaine (re-wow!).  Si tu t'inquiètes pour tes vieux jours, tu peux traverser le parc et tourner à droite sur St-Antoine et tu pourras te rassurer en voyant le faste de l'édifice de la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec. C'est la caisse commune d'où sont tirées nos rentes de base à la retraite. Mais comme on cherche le Vieux, pas les vieux, repartons plutôt vers l'Est sur St-Antoine.


Déjà, tu dois te sentir un peu plus dans le Vieux. À ta gauche, la facade sud du Palais des Congrès est en pierre pour se marier au reste du quartier.  À l'horizon, tu aperçois les bureaux du journal La Presse, édifice construit en 1899. Au coin de la rue St-Urbain, tu tournes à droite sur la Côte de la Place d'Armes et deux coins de rue plus loin, tu dis wow! parce que tu arrives évidemment à la place annoncée par le nom de la rue. Il y a plus de 50 ans, c'était ici que les tramways convergeaient. Il y a plus de 300 ans, il y avait ici la première église de la ville. Il y a 3 ans, la ville a restauré la place et refait une beauté à Paul qui trône fièrement au centre de la place. Tu auras reconnu Paul de Chomedey de Maisonneuve. Il y a au nord l'édifice de la Banque de Montréal (1847) qui est calqué sur le Panthéon de Rome (IIe siècle) et au sud l'incontournable Basilique Notre-Dame (1824).  Entre, la visite vaut la peine. C'est souvent ici qu'on fait les funérailles des grands, comme Maurice Richard en 2000.


Époustouflée ? OK, on repart sur Notre-Dame vers l'ouest et on tourne à gauche au prochain coin de rue (sur St-François Xavier). J'aime bien cette rue étroite. Au milieu de la pente, un de mes bâtiments préférés, le Théâtre Centaur et ses colonnes. En bas de la rue, on aboutit à la Place d'Youville où on trouve le musée Pointe-à-Callière. De là, on remonte la rue Place Royale (on se croirait à Québec) en n'oubliant pas de faire une photo et on tourne à droite sur la rue St-Paul. On peut se rincer l'oeil dans quelques galeries d'art ou même faire une pause dans un resto, il faut juste faire attention de ne pas trébucher sur les pavés, être prudent car on est à l'envers dans un sens unique qui à mon humble avis devrait être piétonnier et finalement, il faut contourner les hordes de touristes qui achètent de l'art inuit (made in China) dans les boutiques de souvenirs assez désolantes. C'est pourquoi on tourne à gauche sur la rue St-Vincent pour remonter sur la rue Notre-Dame.

En tournant à droite sur la rue Notre-Dame, on découvre l'hôtel de ville de Montréal au prochain coin de rue et on peut admirer le plus vieux monument de Montréal (1809), la colonne de Nelson. C'est en fait la plus vieille stèle dédiée à cet amiral britannique qui est mort en héros lors de la bataille de Trafalgar qui a freiné les ardeurs de Napoléon qui ambitionnait de conquérir la Grande-Bretagne. N'eut été de cette victoire, le Canada serait peut-être redevenu une possession française, qui sait ?

Si on descend la pente qui s'offre à nous, on s'engage dans la Place Jacques-Cartier remplie d'amuseurs en été. On peut se laisser voguer jusqu'au Vieux-Port et le fleuve.  Sur les quais, on trouve le Centre des Sciences, le cinéma Imax, mais surtout une jolie promenade multi-usages (vélo, marche, patins).  Si on se dirige vers l'est, on aboutit au Bassin Bonsecours bordé par le Quai de l'Horloge, en face du Marché Bonsecours (1847). Le Marché est le quartier général des métiers d'art au Québec avec plusieurs boutiques de créateurs d'ici. En hiver, le bassin se transforme en patinoire. C'est un excellent endroit pour un premier rendez-vous galant, histoire de mieux connaître l'homme qui se cache sous l'équipement de hockey. Le galant prétendant pourrait même payer le repas Chez l'Épicier situé en face du marché, sur Saint-Paul. J'dis ça d'même...  :-)


Ça fait déjà toute une trotte, alors on va remonter la rue Bonsecours pour photographier la Chapelle Notre-Dame de Bonsecours.  Ici tout est de bon secours, même l'Accueil Bonneau, situé tout près sur la rue de la Commune. On tourne à gauche sur la rue Champ-de-Mars et sur la rue Gosford, le M bleu de la ligne orange nous accueille pour qu'on puisse retourner à la maison après un peu plus de 3 km sur nos espadrilles.



J'ai bien aimé tricoté le V autour de cette marche là, mais la fin de l'alphabet me donne du fil à retordre pour la suite. W, X, Y, Z.  J'ignore encore le prochain mot, mais il vaudra sûrement plusieurs points au Scrabble...


06 décembre 2014

U pour Université



Université.  Tel qu'annoncé au T, je poursuis sur le thème des établissements de savoir post-collégial. Dans la rubrique A pour Anglais, j'ai évoqué la propension des riches à s'approprier les terrains élevés comme la montagne. On remarque qu'à Montréal, les universités, du moins les plus anciennes, se concentrent surtout à l'ouest du centre-ville, blotties sur la montagne. Serait-ce un vestige des temps anciens quand le savoir émanait de la richesse ? Que ce soit le cas ou non, ce qu'on souhaite pour notre société actuelle c'est parfaitement l'inverse: que la richesse émane du savoir.

Je cite rarement mon père, mais il m'a laissé deux conseils inoubliables. Il m'a dit: "Fais ce que tu veux dans la vie, mais ne laisse pas des p'tits Paradis à 'traîne" et "Ne confonds jamais Instruction et Éducation". Du premier conseil, j'ai retenu qu'il tenait à ce que je m'occupe de sa descendance si jamais je me reproduisais (quelle que soit la circonstance). Du deuxième, je retiens que ce n'est pas un diplôme qui apprend le savoir-vivre.  Mon père était issu de cette génération qui s'est affranchie d'une classe dirigeante en soutane, en redingote et en anglais où la notoriété occultait l'intelligence, la justice et le bon sens. La sagesse du père reflétait bien ce combat. L'ouvrier n'a pas à baisser la tête devant le docteur, le notaire, le banquier, l'ingénieur.

Un diplôme universitaire, ça peut certes aider à construire la pensée, apprendre à apprendre, résoudre des problèmes, donner les bases d'une profession, éveiller une culture générale, permettre de fonctionner en entreprise, mais formation universitaire n'égale pas nécessairement créativité, compassion, empathie, intelligence et vivacité d'esprit.  Des choses qui ne s'apprennent pas tant à l'école sur la montagne, mais surtout à l'école de la famille, de l'amitié, de la glace, de la vie. Ah, la glace, là je savais que je capterais ton attention... 

Va pour l'éducation, je ne suis pas en peine pour toi. Il n'en demeure pas moins que le savoir, c'est la
clé de bien des serrures et je souhaite au plus profond de moi que tu sèmes un jour les graines de ta vive intelligence dans le terreau d'une université où qu'elle soit.  Prenons tremplin sur la l'entrée de blogue précédente (T) et montons dans le métro pour visiter chacune des meilleures facultés de la grande ville.

C'est donc b'en long avant que t'arrives... C'est sûr qu'il faut que tu marches un kilomètre pour arriver à la station Angrignon.  Allons-y! On reste sur la ligne verte, on change à Lionel-Groulx pour la ligne orange, direction Côte-Vertu et on change encore pour la ligne bleue rendu à Snowdon.  Tu me voies venir, on descend à la station Université de Montréal. Quand tu sors de là et que tu montes la grande escalier, tu te rends compte que tu as pris de l'altitude. B'en oui, l'Université de Montréal est sur le Mont Royal, sur le flanc nord et tu remarqueras maintenant sa grande tour à chaque fois que tu passeras dans ce coin-là.

C'est un peu compliqué, mais l'Université de Montréal prend son origine de l'Université Laval (à Québec), l'alma mater de ton père et ta mère. L'université Laval, qui est la plus ancienne université au Québec, était à l'origine un établissement catholique sous la gouverne ultime du pape (!) et il se sont parti une succursale à Montréal. Laval et Montréal ont séparé leur destinée quand le gouvernement a donné un statut et une autonomie à chaque établissement dans une loi au début du 20e siècle. Le lien clérical a fini par disparaître, un recteur remplaçant le monseigneur, laïcisant graduellement l'enseignement. Rendons grâce, mais rendons tout de même hommage aux religieux qui ont crée ces établissements essentiels à la croissance de la province et du pays.


En nombre d'étudiants, l'UdeM est la plus grande université au Québec. Il faut dire que c'est un établissement à plusieurs têtes en comptant les Hautes Études Commerciales (HEC). la Polytechnique et l'hôpital universitaire (CHUM).  En plus de l'administration des affaires (HEC) et de l'ingénierie (Poly), je considère que c'est une université de choix pour tout ce qui touche les sciences et techniques, mais juste pour me faire mentir, pas moins de 11 premiers-ministres du Québec en sont diplômés, et on sait que la plupart des politiciens sont des diplômés de droit et de sciences sociales en général. Quoiqu'on semble avoir un faible pour les médecins pour nous diriger ces temps-ci. Parmi les autres diplômés célèbres de l'UdeM, on compte le cinéaste Denys Arcand, l'inénarrable commentateur politique Mathieu Bock-Côté, le physicien sympathique Hubert Reeves, la physio Monia Pelletier, Sylvain Michel (informatique) et Eric Paradis (HEC). Comme tu vois, c'est très varié comme clientèle, ce qui démontre l'étendue des programmes, mais il ne faut surtout pas conclure qu'ils sont meilleurs en physique qu'en informatique.  ;-)
Les équipes sportives de cette université prennent le nom de Carabins. Ce qui me permet de recycler ma vieille joke plate que si tu joues un jour au hockey universitaire à l'UdeM, tu seras une carabine.  Les "Carabines" sont très compétitives dans le réseau universitaire et dominent le classement de cette session d'automne. Le football fait aussi rayonner l'université. Récemment, l'équipe de football des Carabins a mis fin à la suprématie du Rouge et Or de Laval en remportant la finale québécoise et la Coupe Vanier (Canada) par la suite, ce qui contribue d'autant plus à sa réputation.

Parlant de carabine dans un sens moins joyeux, on souligne ces jours-ci le scabreux anniversaire des 25 ans de la tuerie de Polytechnique (14 femmes abattues) qui met en évidence trois fléaux toujours actuels dans notre société: la misogynie, la libre circulation des armes à feu semi-automatiques et le manque de ressources en santé mentale. Au chapitre de la misogynie, c'est triste, mais en tant que femme, même en 2014, tu devras toujours faire preuve de beaucoup de persévérance dans des situations où certains hommes se croient encore supérieurs, même de façon inconsciente. Et de grâce, malgré tous mes appels à la tolérance, ne tolère jamais qu'on te fasse violence et redouble d'intolérance si on te brime sur la seule base que tu es une femme. Sur ces notes funestes, on remonte dans le métro.  Sur la ligne bleue, on revient sur Snowdon, sur la ligne orange, on revient à Lionel-Groulx et cette fois on prend la ligne verte, direction Honoré-Beaugrand et on descend à Guy-Concordia.


Quand j'étais jeune, cette station de métro s'appelait Guy tout court, mais il y a eu une vague de changements de nom, probablement motivée par les universités qui jalousaient McGill et l'UdeM qui avaient leur station propre. Concordia, très près de McGill, notre prochain arrêt, est considéré une université anglophone, malgré qu'il y ait aussi des cours en français.  Son campus est coupé en deux, comme elle est la résultante d'une fusion de deux collèges (Loyola et Sir Georges William). D'ailleurs, en arrêtant à Guy-Concordia, on se trouve sur le campus de Sir-Georges. Le campus Loyola, lui, est situé plus au nord-ouest, on aurait pu y faire un arrêt, mais je n'avais pas le goût de descendre à la station Vendôme et on n'a pas toute la journée.

Les deux collèges originaux datent du début de 20e siècle, mais Concordia ne fût fondé qu'en 1974, ce qui fait qu'elle n'a pas vraiment encore eu le temps de se forger une histoire bien à elle. Bien qu'il y ait des facultés de gestion et de sciences, je l'associe beaucoup aux arts comme la littérature et le cinéma.  Peut-être parce que Pascale Bussières (actrice) et Régine Chassagne (Arcade Fire) y ont étudié et que l'auteure Margaret Atwood y a enseigné (au Collège Sir Georges). Une équipe de hockey féminin fait aussi la fierté de Concordia, les Stingers. Qui sait, tu deviendras peut-être une piquante (ou est-ce le shooter) ? 

Cesse de rêver, on continue notre visite. Ah, p'is on ne prendra pas le métro, on va descendre sur Ste-Catherine, marcher vers l'est en déjouant les milliers de lécheurs de vitrines jusqu'à la rue McGill College. On se tourne vers le nord pour un des plus beaux coups d'oeil dans la ville avec le campus de McGill qui se laisse découvrir juste au bout de la rue avec la montagne en arrière-plan.


Mcgill, c'est l'âme anglophone de Montréal. Magnifique campus avec ses bâtiments ancestraux et ses dépendances comme le stade Percival Molson, le musée Redpath et l'Institut de Neurologie sur le flanc de la montagne, cet ensemble transcende sa beauté tranquille par une réputation solide dans le monde.  C'est considéré une des meilleurs écoles au Canada.  Le MBA (Maîtrise en Administration des Affaires) a acquis un statut presqu'équivalent à celui de Harvard, surtout en tenant compte du rapport qualité/prix.  Plusieurs Ontariens s'obstineraient que Queen's est bien meilleur, les joueuses des Stingers défendraient l'école de gestion John Molson (Concordia), mais hors du Canada, c'est de loin McGill qui est la plus renommée. Et pas qu'en gestion, c'est aussi un excellent centre de sciences médicales (CUSM), d'ingénierie et de droit.

Dans les gens célèbres associés à McGill, on trouve le fameux Docteur Penfield (Q) qui a fondé l'Institut de Neuro, l'auteur-compositeur Leonard Cohen, feu Jack Layton et son successeur Thomas Mulcair, Céline Galipeau la chef de pupitre du Téléjournal, Henri Minzberg un gourou de la gestion moderne, Hubert Reeves (encore lui), Mathieu Darche, Kim St-Pierre et Charline Labonté.  Pour les trois derniers, tu devines qu'ils ne sont pas dans la liste pour leur talent en physique mécanique. Au volet sports, les porte-couleurs masculins de Mcgill sont les Redmen, alors que les filles prennent le nom de Martlets.  Les Martlets sont célèbres pour leur saison parfaite de 33-0 en 2007-2008, un record universitaire nord-américain.

Prochaine station, Berri-UQAM. Ah, une autre station qui a modifié son nom depuis que j'ai les cheveux gris.  Elle s'appelait Berri-de-Montigny avant.  De Montigny, c'est l'ancien nom du Boulevard Maisonneuve. Peu se rappellent c'est qui De Montigny, mais même plusieurs toponymiques ignorent d'où vient le nom Berri. Dire qu'on cherche encore qu'est-ce qu'on pourrait bien nommer en l'honneur de Maurice Richard sans déshonorer la mémoire d'un autre. Je pense que personne ne pleurerait la disparition du vocable Berri. Mais on s'égare. On sort au coin Maisonneuve-Berri et on trouve quelques bâtiments intégrés au tissu urbain qui forment le campus éclaté de l'UQAM, la 4e université de Montréal. Je dis 4e, même si créée l'année de ma naissance (1968) elle est antérieure à Concordia (1974), comme les composantes qui ont formé cette dernière existaient déjà. C'est le gouvernement du Québec qui dans la foulée de la modernisation de notre système scolaire (qui mène aussi à la création des CEGEPs) instaure une alternative publique aux autres universités (dont McGill et Bishop qui sont anglophones) et une présence en région.


L'UQAM est donc le campus montréalais associée aux autres composantes du réseau (Trois-Rivières, Outaouais, Chicoutimi, Rimouski).  L'ENAP (administration publique), L'ÉTS (excellente école d'ingénierie) et TELUQ (école en ligne) font aussi parti de la famille de l'UQ. L'UQAM en particulier est très versée en sciences sociales et on l'associe souvent au courant de la gauche urbaine (genre Québec Solidaire). Plusieurs journalistes en sont diplômés, mais c'est son volet communication qui fait le plus jaser. Tu pourrais facilement m'entendre dire une énormité comme: "Si tu coules tes cours de sciences et de mathématiques et que tous les diplômes contingentés finissent par être inaccessibles pour toi, b'en au pire, tu te contenteras de Communication à l'UQAM".  Blague à part, ce diplôme en communication nous a tout de même donné beaucoup de chroniqueurs télé et bien sûr les RBO avec l'incontournable Guy A Lepage. Malgré la formation de tous ces libres penseurs, Luc Picard, Léa Pool, Léo-Paul Lauzon, etc, etc, il n'en demeure pas moins qu'il y a un regard de haut des autres universités envers l'UQ. Mais au final, tu sais comme moi que ce n'est pas tant l'université que l'universitaire qui pèse lourd dans l'équation de la réussite. Cela dit, ce n'est jamais mauvais que notre nom soit associé à la bonne réputation d'une bannière et c'est pourquoi on redescend dans le métro, ligne jaune, direction Longueuil-Université de Sherbrooke.

L'Université de Sherbrooke ? Mais alors qu'est-ce qu'on glande à Longueuil ? Rassure-toi, le vrai campus de l'UdeS est bel et bien à Sherbrooke. C'est juste que les universités sont surtout financées à la hauteur de leur niveau de clientèle. Qui dit clientèle dit territoire et les universités se sont mises à construire des campus à qui mieux-mieux hors de leur région originale. Je pense personnellement que cet investissement en brique et mortier à l'extérieur de leur territoire est un éparpillement inutile et aurait mieux été investi dans la recherche et la qualité d'enseignement, mais bon. Toutes les universités ont un peu fait ça. Ainsi, en Argentine, on a rencontré une fille de Québec qui a fait son Bac en Enseignement à l'Université du Québec à Rimouski à Lévis. Faut le faire.


L'université de Sherbrooke fut très novatrice avec ses programmes coopératifs qui permet aux étudiants de faire plusieurs stages rémunérés en entreprise pendant les études universitaires. Plusieurs universités ont emboîté le pas dans ce concept à la fois favorable aux étudiants qui cumulent rapidement de bonnes expériences de travail et aux entreprises qui peuvent faire une pré-sélection de futurs employés tout en récoltant les fruits du travail motivé de ces étudiants. L'Université a un excellent programme de médecine (CHUS) et autres disciplines de la santé, comme l'ergothérapie - un peu grâce à ta maman, mais on y forme aussi de bons ingénieurs, des avocats, de futurs dirigeants et bien sûr des informaticiens hors-pair.  Célèbrement issus de l'UdeS, on compte Laurent Beaudoin (Bombardier), Raymond Royer (Domtar), Paul Gobeil (Métro), Normand Legault (ancien président du GP du Canada), Jean-René Dufort (Infoman), Jean Charest, Vincent Vallières, Juge Julie Beauchesne, Marc Hébert et Eric Paradis.

Oui, bien sûr, nous voilà sur la rive-sud à parler d'une université qui n'est même pas sur le territoire de Montréal, alors que c'était l'objectif premier.  Que veux-tu, on garde un attachement particulier à l'école qui représente le creuset final de notre cheminement vers une carrière professionnelle et il était trop tentant de mettre en scène l'Université de Sherbrooke.

À cet âge numérique où les grandes universités ouvrent les portes virtuelles de leur établissement en offrant leurs cours en ligne, que presque toute la connaissance du monde a été numérisé et est accessible au bout de nos doigts sur la toile, l'endroit où on va étudier va devenir de plus en plus secondaire. Le plus important est probablement de se donner un objectif professionnel, trouver les bons guides et se discipliner pour y parvenir et en profiter pour acquérir une bonne dose de culture générale. J'ose croire que les meilleures écoles seront celles qui pourront s'adapter pour offrir l'environnement qui convient le mieux à ces nouvelles réalités d'apprentissage. 

Oui, oui, je l'savais que t'allais dire ça.  OK, oui, c'est vrai, ça prend aussi un bon programme de hockey féminin...  :-)  On se reparle rendu à V, ma belle muse.