07 février 2015

X pour XXX


X pour XXX.  Je rivalise d'originalité avec moi-même pour les dernières lettres de l'alphabet, n'est-ce pas ?  Ne t'inquiète pas, on n'aura pas à mettre la mention: "Cette entrée de blogue pourrait contenir des scènes pouvant ne pas convenir à certains lecteurs", nous allons rester dans la décence et le bon goût.

Montréal XXX. B'en oui. Si on faisait un top 10 des villes XXX en Amérique du Nord, on trouverait assurément Montréal dans la même tale que Las Vegas et Los Angeles. Las Vegas est un difficile point de comparaison, puisqu'il s'agit d'un grand centre d'amusement à ciel ouvert et Los Angeles ferait sa place dans la liste en s'illustrant comme le Hollywood de l'industrie pornographique. Ce classement n'est que fictif et tu me diras que ce ne serait pas vraiment un honneur pour la ville de se retrouver dans ce palmarès, mais sache que la ville entretient cette réputation en catimini. Il n'y a qu'à regarder le logo de Tourisme Montréal avec son gros bec de rouge-à-lèvres. T'avais pas remarqué ça, hein ?!

Sans trop s'en vanter, les autorités de la ville aiment bien que les touristes, États-Uniens en particulier, perçoivent Montréal comme un peu plus libertine que la moyenne. Ça permet de différencier la ville dans un créneau particulier, détournant l'attention de certains aspects moins vendeurs (comme les cônes oranges et nos voies rapides plutôt lentes). Certains évènements se collent subtilement bien à cette réputation. Par exemple, le Grand-Prix de Formule 1 qui attire son lot de clients en rut pour les agences d'escortes et les travailleuses(eurs) du sexe. Il suffit de se promener sur la rue Crescent la semaine de la course pour voir toutes ses "hôtesses" qui essaient d'émoustiller les douche-bags (et autres messieurs distingués) qui bavent devant les rutilantes Ferrari.

Mais même hors du Grand-Prix, Montréal demeure un endroit prisé par les étrangers qui n'ont pas accès à tant de stimulations visuelles (illicites dans leur pays), notamment au sud de notre frontière. Aux USA, plusieurs villes et états ont voté des règlements qui rendent illégal ou très compliqué l'exploitation d'un club de danseuses nues. Certains touristes facilement impressionnables en provenance de ces endroits (plus évolué ?) n'en reviennent tout simplement pas des degrés de "liberté" des bars locaux. Dans plusieurs des gentlemen's club américains (c'est comme ça qu'ils les nomment hypocritement), on ne sert pas d'alcool, l'âge légal est plus élevé, les filles ne sont pas complètement nues et il n'est pas question de toucher ou même de s'approcher. Malheureusement, pour certains Vermonters et même des Ontariens, leur visite au SuperSexe, Chez Wanda ou Chez Parée, sera le souvenir le plus grandiose qu'il retiendront de notre métropole.

J'ai l'air de m'y connaître, mais je ne pense pas être allé dans de tels établissement plus de trois fois dans mon existence. J'ai beaucoup de difficulté à regarder en face une personne qui est forcée de s'humilier devant moi, car bien que certaines diront qu'elles dansent nues par choix, je pense que c'est une infime minorité, bien franchement. Il y a beaucoup de drogue, d'exploitation et de crime organisé dans ce milieu et j'ai bien du mal à croire que toutes les filles s'adonnent à cet exercice plutôt dégradant de leur plein gré. 

J'ai peut-être tendance à trop voir ce qui se cache derrière le rideau (ou derrière le derrière), mais le peu de fois où je me suis retrouvé dans un endroit du genre, j'ai toujours éprouvé une grande gêne. Et puis les talons hauts en plastique transparent (mon souvenir le plus limpide), ça me donne envie de vomir. La première fois, c'était  Chez Parée, en 1990, dans le temps le nec plus ultra dans le genre. Cette fois-là, ce n'était pas pour suivre les autres, mais une curiosité de jeune adulte. Un peu intimidé dès mon entrée, j'ai été reçu par un placier (plutôt une brute bien baraquée en tuxedo) peu enclin à l'empathie devant un jeune blanc-bec qui n'a jamais rien vu. Comme je suis seul, il ne me donne pas une table, mais un siège le long du grand catwalk où la jeune dame nue s'exhibe en contortions exotiques. Ça sert aussi de bar où je déposerai ma consommation en espérant qu'une strip-teaseuse ne l'accroche pas. Après m'être timidement assis, je réalise que le portier reste à côté de moi. Ah, il veut un pourboire. Honnête: "Scuse, j'ai pas d'change". Impassible et ferme: "J'vas t'en faire !".  Il casse mon 20$ en quatre 5$. La bière est 6$ avant pourboire. Après plusieurs arabesques autour d'un poteau chromé, la fille termine en me regardant de haut tout en présentant un examen gynécologique public à un mètre de ma bière. J'ai beaucoup de difficulté à croire que quelqu'un fasse ça par choix éclairé à moins d'être exploité, en dette profonde ou au bord du désespoir.

La prostitution est aussi un problème répandu dans notre belle métropole, mais ça, ça existe depuis la nuit des temps. Que ce soit sous le principe de l'escorte ou de la putain de rue, les affaires sont meilleures pendant les festivals d'été. D'ailleurs, le GP de F1, c'est pour les travailleurs du sexe ce que Noël est aux commerçants. Disons qu'il n'y a pas que le champagne qui coule à flots. T'as peut-être tendance à croire qu'il vaudrait mieux interdire la pratique, pour les mêmes raisons qui me font abhorrer la danse nue, mais je dirais que la prohibition de produits ou de services pour lequel une grande demande existe a toujours un effet pervers, surtout qu'on dit que la prostitution, c'est le plus vieux métier du monde. Le gouvernement fédéral actuel, assez maladroit et hypocrite sur la question, a bien tenté de criminaliser la clientèle au lieu de punir les filles, mais cette loi engendre une plus grande clandestinité, ce qui met les travailleuses en danger d'autant plus. Je pense qu'il vaudrait mieux légaliser ce métier avec des balises, des milieux sécuritaires et des programmes pour permettre à plus de filles (et garçons) de s'en sortir (en partant de l'idée que ce n'est pas une carrière). Mais, il ne faut pas attendre de miracles progressistes de nos épouvantails conservateurs.


On a déjà entendu des filles (ou sont-ce des personnages de romans ou des légendes urbaines): "Je danse dans les bars pour payer mes études". Sans dire que ça ne s'est jamais fait, j'ai mes doutes sur la cohabitation de ces deux activités. Si un jour de pénurie financière, tu sens l'appel du poteau de danse, sache que nous préférons infiniment plus de te savoir en train de virevolter autour du poteau des buts. Les filles qui choisissent l'autre poteau, en plus de mettre leur dignité en jeu, marchent inévitablement vers une chute sans but dans les mailles du filet du crime organisé. Crois-moi, tu préfères continuer à poursuivre ton but en t'élançant vers les filets adverses, en patins, pas en talons de plastique...


Le X est derrière nous, vivement le Y.